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30e symposium international d’ostéopathie de Montréal : Entre tradition et modernité

Le 30e symposium international d’ostéopathie de Montréal s’est révélé enrichissant et à l’image d’un Québec qui sait manier plusieurs cultures sans complaisance. Baignés dans cette atmosphère colorée par un héritage français et teintée de culture américaine, les conférenciers se sont affranchis de tout complexe.

Par Reza Redjem-Chibane

Philippe Druelle, (Canada), Bruno Ducoux (France) et Zachary Comeaux (États-Unis), ostéopathes DO, ont en effet revisité leur héritage ostéopathique au regard de leur expérience personnelle pour envisager de nouveaux horizons. Philippe Druelle s’est interrogé sur les mécanismes d’évolution personnelle. À la recherche d’un équilibre, l’homme progresse et se libère. Mais dans son développement, il peut passer par des périodes de crise. Comment l’ostéopathe peut-il intervenir pour libérer ces blocages et participer au processus de guérison ? Tout d’abord précise Philippe Druelle, « en ayant conscience que la technique ne peut pas soigner sans un dialogue avec la physiologie du patient ». L’ostéopathe doit donc trouver sa propre place auprès du patient. Il y parviendra en cherchant à l’intérieur de lui le pourquoi plutôt que le comment.

L’ostéopathe : un expert en ingénierie humaine

symposium montréalDans une approche systémique complexe, l’ostéopathe devient alors un fulcrum, un facilitateur thérapeutique pour Bruno Ducoux, ostéopathe DO. Sa perception passe par son propre ressenti qui est une source d’information et d’inspiration pendant le processus thérapeutique. Présence et écoute sont indispensables pour y parvenir. Zachary Comeaux, avec son concept de phénoménologie appliqué à l’ostéopathie (voir également notre reportage What is osteopathy ? paru dans L’ostéopathe magazine n° 10), développe la notion de perception. En tant qu’expert, précise ce dernier, « l’objectif de l’ostéopathe sera de mettre en évidence des relations objectives et de trouver de l’ordre. L’ostéopathe peut ainsi se définir comme un expert en ingénierie humaine ». Cependant, notre perception est altérée par notre subjectivité. Il faut donc reconsidérer l’anatomie par exemple et se demander si les anciennes définitions de l’ostéopathie sont encore pertinentes. La réponse est bien évidemment non.

Cette notion de subjectivité et de limite de perception a pu être illustrée en quelque sorte de manière clinique et scientifique à travers la conférence d’Hugo Théoret, professeur au département de psychologie de l’Université de Montréal (Canada). Il s’est intéressé aux effets à long terme des commotions cérébrales sur le fonctionnement du cerveau chez des joueurs de hockey. Des études réalisées chez des sportifs de haut niveau retraités révèlent la prévalence d’apparition de l’encéphalopathie traumatique chronique (CTE), maladie dégénérative progressive. Pourtant, les examens médicaux réalisés après la période de repos préconisée suite à une commotion cérébrale ne laissent rien apparaître. D’autre part, il existe un effet cumulatif des commotions cérébrales qui entraîne une plus grande susceptibilité et une plus grande sévérité à la commotion suivante. Une étude révèle que les joueurs retraités de la NFL (fédération américaine de football américain) qui avaient eu 3 commotions cérébrales ou plus ont en effet une prévalence 5 fois plus élevée de traumatisme cérébral léger diagnostiqué.

Le retour au jeu étant la principale préoccupation des joueurs et des entraîneurs, ce risque à long terme n’est aujourd’hui pas pris en compte. Alors, au moment de l’anamnèse, demandez à vos patients s’ils ont été victimes de commotions cérébrales dans le passé. Ou s’ils ont pratiqué des sports de contact. Autant d’indices pour poser votre diagnostic avec plus de précision.

Entre philosophie vitaliste et recherche scientifique pluridisciplinaire

La contribution de Michael Patterson, docteur en psychologie et neurophysiologie (États-Unis) sur la neuroplasticité du cerveau est un prolongement évident de notre enquête sur l’épigénétique. Nous vous ferons découvrir ses travaux dans un prochain reportage. Mais tout de suite, retrouvez la présentation passionnante de Sonia Lupien, docteur en neurosciences et neuropsychologie (Canada), sur les dommages du stress sur le cerveau des enfants. Ses recherches offrent de nouvelles pistes de prise en charge précoce.

Ce symposium international d’ostéopathie de Montréal porte bien son nom : entre tradition et modernité. Un grand écart qui caractérise l’ostéopathie d’aujourd’hui, partagée entre philosophie vitaliste et recherche scientifique pluridisciplinaire. Comment conjuguer ces deux visions dans les prochaines années ? Rendez-vous dans un an, lors de la 31e édition, pour faire le point.

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