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Inconnaissable ou invisible, comment Andrew Taylor Still a-t-il théorisé l’ostéopathie ?

L’Académie d’ostéopathie a clôturé l’année 2017 par une conférence intéressante qui nous a permis d’en apprendre plus sur l’ostéopathie selon Still. Les organisateurs avaient rassemblé une trentaine d’ostéopathes le 16 décembre dernier au Novotel de Charenton (94).

Par Perrine Testevuide

Nous avons retenu la conférence de Jean-Marie Gueullette qui a introduit le programme de la conférence en compagnie de Victor Lopez, historien et ostéopathe. Face au petit comité d’ostéopathes, Jean-Marie Gueullette nous fait partager son humour bienveillant avant de se plonger dans le vaste sujet suivant : Influence ou contexte dans la connaissance des origines de l’Ostéopathie ?

[su_pullquote align= »right »]« Comment tenter d’améliorer l’identité de l’ostéopathie ? »[/su_pullquote]

Jean-Marie Gueullette, docteur en Théologie et titulaire d’une Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) en histoire et professeur à l’Université Catholique de Lyon dont il dirige le Centre Interdisciplinaire d’Éthique et responsable du DU « Philosophie de l’ostéopathie » qui aborde les questions philosophiques et historiques de l’ostéopathie. Il a notamment publié en 2014 L’ostéopathie, une autre médecine, aux Presses universitaires de Rennes et une édition critique de l’autobiographie d’A.T. Still aux éditions Sully en 2017.[groups_member group= »Abonné »]

Still : influence et contexte à l’origine d’une pratique thérapeutique nouvelle

Après un rapide rappel de la biographie d’A.T. Still, Jean-Marie Gueullette nous livre son analyse. Une analyse plutôt sensible puisqu’il se demande si A.T. Still érige plutôt une médecine ostéopathique par différentes inspirations culturelles ou bien est-il simplement un médecin de son temps, qui rend compte d’une pratique nouvelle au seul contact des patients ? Cette réflexion mène à un but précis : « tenter d’améliorer l’identité de l’ostéopathie », déclare le théologien. Pour cela, ce dernier se base sur des textes, plus particulièrement sur l’autobiographie d’A.T. Still qui témoigne d’influences culturelles ou religieuses. Il prend également en considération un fonds d’archives accessibles en ligne retraçant les expériences en pratique médicale du fondateur de l’ostéopathie.

Concernant les influences, A.T. Still hérite d’une forte adhésion au spiritisme qui coïncide parfaitement avec la pratique ostéopathique. En cela, on touche de près à la culture antique égyptienne, la révélation prophétique ecclésiastique ou encore les traditions et croyances amérindiennes. Une bonne association du corps et de l’esprit donnerait au praticien une meilleure maîtrise de ses gestes.

Jason Haxton tenant l'ostéomag à l'école d'ostéopathie de Kirksville (Etats-Unis)
Jason Haxton et Ostéomag à l’école d’ostéopathie de Kirksville (Etats-Unis)

L’étude contextuelle : une méthodologie précise

Pour l’étude contextuelle en revanche, Jean-Marie Gueullette expose les cas de figure emblématiques de l’expérimentation ostéopathique par A.T. Still, notamment la guérison d’un enfant atteint de dysenterie en 1874 par la manipulation. On a affaire à des textes factuels et descriptifs, résultant d’une expérience vécue décrite à travers des photos, des cartes postales, des schémas de squelette ou encore des témoignages. Cette étude contextuelle repose une méthode bien précise de sélection des sources résumées dans les règles suivantes :

1– Diversifier ses sources

2– Lire les documents dans leur contexte

3– Faire confiance au texte si d’autres vont dans le même sens

Jean-Marie Gueullette insiste sur la prudence à adopter vis-à-vis des témoignages tardifs

Still et Spencer : le duo positiviste gagnant

Ce dernier présente ensuite celui qu’il appelle « Le philosophe préféré de Still » : Herbert Spencer (1820-1903). A.T. Still et Herbert Spencer partent tous deux de la théorie antique d’Hippocrate : l’autorégulation comme équilibre interne du corps humain. Les deux hommes théorisent des concepts ancrés dans un positivisme naissant. Chacun évaluant les entités abstraites telles que « l’âme, Dieu et la vie après la mort » par un concept qui leur est propre. Puisque l’« on ne peut parler de ce que l’on ne connait pas » précise Jean-Marie Gueullette, Spencer appelle cette idée l’inconnaissable, tandis que Still parle de l’invisible « qui va au-delà de nos cinq sens » (un concept également adopté par la religion).

Pour conclure, l’abord de l’ostéopathie par Still reste paradoxal dans l’établissement même de l’origine de son travail thérapeutique. C’est ainsi que Jean-Marie Gueullette conclut sa démarche anthropologique :  » L’influence est bien plus difficile à prouver en Histoire  »

Source : Conférence de l’académie d’ostéopathie de France (16/12/2017)

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