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Le sentiment d’auto-efficacité chez le sportif

Initialement, la théorie de l’auto-efficacité n’est pas toute jeune, elle date de 1977. D’abord envisagée dans l’approche psychosocial de l’apprentissage, elle a été étendue à bien d’autres domaines comme la prise en charge de la douleur par exemple. Comment la prendre en compte lors d’une consultation ou d’un suivi régulier du sportif pour amener à une performance optimale?

Il s’agit d’une sorte d’attente de réussite dans une situation ou une tâche très particulière (ce qui est à différencier de la confiance, qui est un trait de personnalité). Chez un sportif, cela peut se traduire par l’attente de réussir un geste technique comme le fait d’attendre un certain niveau de performance. Elle repose sur 4 facteurs : La performance récente, l’expérience vicariante, la persuasion verbale, l’activation émotionnelle.

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La source la plus importante d’auto-efficacité est la réalisation de performances récentes. Elle met en jeu des expériences de maîtrise personnelle. Plus ces expériences sont positives, plus elle augmente ce sentiment. L’expérience vicariante fait référence à l’information retirée de l’observation d’une personne en train de réaliser une habilité motrice spécifique. Cette dernière peut être particulièrement importante pour des pratiquants avec moins d’expérience ou sensible au jugement d’autrui. Il est d’avoir un exemple pour servir de référence. La persuasion verbale sera en générale trouvé cher les entraineurs mais il serait préjudiciable d’oublier l’équipe soignante, ou même l’entourage. Il s’agit de valoriser les compétences, ou les aspects positifs. Enfin, le dernier facteur ets l’activation émotionnel ou activation physiologique perçue. Chez le sportif, la perception de grand changement physiologique peut être vécu comme une source d’anxiété (là où dans un autre contexte, cela pourra être vécu positivement). Une faible activation serait donc plutôt à privilégier.

Que permet d’envisager ces informations ?

Nous l’avons vu il faut tenter d’employer les leviers les plus puissants. La question des performances récentes passe par l’anamnèse, qui va permettre de souligner les réussites récentes, ce qui va permettre d’agir sur ce levier. Il peut être aussi intéressant d’employer l’imagerie mentale, pour aider le patient à se remémorer ces performances mais aussi les sensations associées. Pour l’expérience vicariante, il sera intéressant pour les patients sportifs d’observer les performances de sportif qu’ils admirent au sein de leur équipe ou non.

La persuasion verbale passer par le fait de veiller à ne pas véhiculer des messages nocebo, insister sur leur niveau de performance, les compétences acquises, d’autant plus dans un contexte post blessure. Pour la dernière composante, étant donné qu’il s’agit de perception du patient sportif, il sera plus question de rassurer le patient, de donner du sens à ces changements perçus pour diminuer l’anxiété vécue.

Cela passe aussi par la fixation de buts de maîtrise ou bien compétitif. Si la seconde catégorie repose beaucoup sur le processus de comparaison sociale et donc offre peu de contrôle au sportif sur le résultat, les premiers eux se reposent sur des objectifs de performance mesurables et donc dépendant de l’athlète. Le feedback est important pour permettre d’accompagner le sportif dans cette recherche de performance.

Comme nous pouvons le voir, une bonne partie des leviers vont surtout agir sur la réassurance du sportif, et de le conforter dans sa capacité à renouveler des performances déjà atteinte, voir d’atteindre un palier supplémentaire.

La compétence perçue par le sportif et modèle de la confiance sportive

Il s’agit de la croyance d’un individu dans son habilité à maitriser une tâche grâce à ses propres ressources et à celle de son environnement. Beaucoup étudiée dans le cadre de la motivation à l’accomplissement, les ressorts exacts de cette croyance sont encore discutés entre mécanisme d’attribution causale et socialisation avec processus affectifs.

La confiance sportive est très dépendante de l’orientation compétitive du sportif et du trait de confiance. Il y a donc aussi une question de fond sur la personnalité du sportif pris en charge. L’habilité perçue par l’athlète est un élément qui distingue les bons sportifs des sportifs qui excellent dans leur discipline.

L’auto-efficacité comme indicateur de réussite sportive

Le niveau d’auto-efficacité semble apparaitre comme un très bon critère de prédiction d’abandon lors d’une saison. Chez les traileurs par exemple, un faible sentiment d’auto-efficacité est souvent associé avec un taux d’abandon en cours de saison.

Il apparait comme un paramètre essentiel dans la gestion des suites de blessures.

Il s’agit également d’un paramètre aussi important dans la gestion des émotions et des comportements. Ainsi, un haut sentiment d’auto-efficacité est en général associée avec moins d’agressivité chez le boxeur et plus de self-control. À noter que le niveau de self control et du sentiment d’auto-efficacité augmentent avec l’âge et le niveau de compétition.

Encourager mais pas n’importe comment

Enfin, il ne faut pas pousser le patient sportif dans un excès de confiance qui pourrait être tout aussi délétère. Partir de ses statistiques et mesures de performance apparait comme essentiel pour ne pas risquer d’amener de fausses croyances, amenant le sportif dans une sorte d’effet Dunning-kruger.

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Il ne s’agit d’amener le patient à se mentir ou à se tromper sur sa capacité. Cela pourrait provoquer un violent retour de bâton pour ce dernier voir même par son comportement aller vers une blessure ou une récidive de blessure.

Sources :

Berthoz A, La Vicariance, le cerveau créateur de monde, Edition Odile Jacob Science, 1ère edition, 2013, 242p.

Chen X, et coll, The Relationship Between Self-Efficacy and Aggressive Behavior in Boxers: The Mediating Role of Self-Control, Frontiers psychology, 2019, 10: 212.

Corrion K, et coll, Psychosocial factors as predictors of dropout in ultra-trailers, PLoS One, 2018, 13(11): e026498.

Legrand F, L’amélioration de la confiance en soi in Manuel de psychologie du sport, tome 2, intervention auprès du sportif, Edition Revue EPS, 1ère édition, 2003, pp 159-169.

Olmedilla A, et coll, A Bayesian Approach to Sport Injuries Likelihood: Does Player’s Self-Efficacy and Environmental Factors Plays the Main Role? Frontier Psychology, 2018, 9: 1174.

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