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Témoignage de Laurence Thomas – Ostéopathie et cancer

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«Du point de vue ostéopathique, je travaillerai sur la respiration (diaphragme et cage thoracique), car ces patients sont souvent en apnée. Ma démarche thérapeutique reste néanmoins variable selon le patient et le type de cancer »

[su_quote]« Les principaux cancers que je rencontre en cabinet sont des cancers du poumon, du sein et de la prostate. Mon travail ostéopathique porte beaucoup sur les cicatrices. J’intègre également les notions de psychosomatique et d’hypnose analgésique dans ma prise en charge. » [/su_quote]

Propos recueillis par Reza Redjem-Chibane

[su_note note_color= »#1866a5″ text_color= »#ffffff »]Laurence Thomas Ostéopathe DO et titulaire du Diplôme Universitaire Psychosomatique (Paris 7) et d’un diplôme d’hypnose analgésique et médicale (IFH), Laurence Thomas est Consultante au centre d’évaluation et de traitement de la douleur chez l’enfant Hôpital Robert Debré. Elle accueille dans son cabinet, de nombreux patients cancéreux[/su_note]

           L’accueil de patients cancéreux est très important. Faire le bilan et définir précisément leur cancer constitue la première étape. C’est important, car dans la prise en charge médicalisée actuelle du cancer, les patients sont parfois perdus. Si une opération chirurgicale a été réalisée, je demande le compte-rendu à mes patients qui ne connaissent pas toujours le traitement qui leur a été appliqué. Je travaille ensuite sur la relaxation. Si le patient exprime des douleurs, je peux proposer de l’hypnose. Du point de vue ostéopathique, je travaillerai sur la respiration (diaphragme et cage thoracique), car ces patients sont souvent en apnée. Ma démarche thérapeutique reste néanmoins variable selon le patient et le type de cancer.

Deux réactions possibles

Pour les femmes victimes du cancer du sein, le travail sur la cicatrice est primordial. On touche à la féminité et cette cicatrice reste parfois ignorée. Certaines femmes ne la regardent pas, voire même, ne la touchent pas. Je touche alors la cicatrice et j’observe leur réaction. Deux possibilités

– Soit il n’y aucune réaction. Je leur propose de masser la cicatrice après le traitement ostéopathique pour réveiller cette zone (en cas de paresthésie notamment), car sur une cicatrice il y a des zones toujours insensibles selon les nerfs touchés.

– Soit la cicatrice est hypersensible avec parfois des sensations de brûlure en fonction de la zone. Elle peut également déclencher des réactions émotionnelles à travers des pleurs ou des paroles lorsque le patient n’a pas accepté la maladie. Surtout chez jeunes patientes pour lesquelles les effets secondaires des traitements sont plus difficiles à accepter (traitement anti-hormonal, ménopause précoce, etc.). De manière très fréquente, je renvoie vers un psychologue. Et je travaille avec plusieurs psychologues selon la personnalité du patient pour un travail de psychologie ou de psychanalyse, car ces situations font toujours appel au passif du patient.

Les célioscopies laissent beaucoup d’adhérences

Pour les cancers du poumon, c’est différent. La cicatrice reste importante, mais je travaille sur la mobilité et sur les œdèmes. Le renvoi vers le psychologue est moins systématique. Les traitements par radiothérapie entrainent également beaucoup d’adhérences et par exemple pour les cancers de la gorge je travaille fréquemment la loge viscérale du cou. Pour les traitements par chimiothérapie, j’essaye de drainer en faisant toujours attention si la présence de métastases est élevée. Selon moi, il faut toujours avoir un geste mesuré et rester prudent. Pour les cicatrices, je travaille sur les drains et j’observe la mobilité au niveau fascial et tissulaire tout autour de la cicatrice. Parfois les adhérences peuvent être très profondes. Je remarque également que les célioscopies laissent beaucoup d’adhérences. Même si ces cicatrices sont plus petites que lors d’opérations chirurgicales classiques, il faut travailler ces incisions. Pour tout patient, « je garde mes mains dans les poches » en début de consultation, car j’accorde beaucoup d’importance à la réflexion avant tout traitement. Car une douleur peut toujours être une métastase.

Empathie et bienveillance

[su_pullquote align= »right »]« Pour les cicatrices, je travaille sur les drains et j’observe la mobilité au niveau fascial et tissulaire tout autour de la cicatrice »[/su_pullquote]

J’essaye de voir les patientes 15 jours après l’intervention pour drainer (toujours en m’appuyant sur un compte-rendu opératoire) et je rapproche les 2 premières séances pour qu’elles soient espacées de 15 jours à 3 semaines. Les bénéfices obtenus me sont rapportés par les patients : meilleure mobilité, sensation de bien-être, diminution des œdèmes, etc. Mais l’intérêt de l’ostéopathe dans cette prise en charge bien particulière réside dans l’empathie et la bienveillance. Avec des consultations entre 45 minutes et une heure, l’ostéopathe propose une écoute impossible en milieu hospitalier par manque de temps. Sur ces corps meurtris, notre écoute différente est complémentaire de la prise en charge médicale.

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La suite de cet article uniquement disponible dans Ostéomag #32

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