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Il y a beaucoup d’implicites dans le mot ‘présent’. Si l’on est vigilant au présent, on devient conscient de multitudes événements. Le présent n’est pas le temps qui passe mais le temps que nous vivons et toute temporalité porte une singularité. « Ce qui est réel, c’est le temps vécu ». Danis Bois cite Bergson pour qui le présent est immédiat. Il ne s’arrête pas, on n’arrive pas à l’appréhender, le saisir. Et pourtant nous vivons dans ce présent, poursuit-il pour nous expliquer que la méditation aide à rencontrer ce présent dans le présent et que le présent évite les implicites et saisit le mouvement.
Danis Bois évoque ensuite longuement les travaux du neuroscientifique Antonio Damàsio*. Et particulièrement l’étude du chercheur sur les sentiments qui permettent d’appréhender l’importance du corps dans la pratique psychocorporelle**. Ces sentiments sont notre medium pour interagir avec le monde extérieur et contribuent à la réalisation du soi. Ils sont produits par nos organes qui sont dotés d’un système sensoriel intéroceptif. Ils priment sur la conscience.
C’est pourquoi « la méditation est une affaire de corps. Il faut donc être conscient de ce lien entre le corps et l’esprit », explique Danis Bois.
Danis Bois introduit alors la notion de résonnance qu’il définit en premier lieu comme la singularité du rapport à une expérience lors d’une rencontre avec quelque chose : un toucher, un regard, une parole, une action, une attitude, etc.
La résonnance se catégorise aussi par la présence d’un sentiment comme une sensation, une émotion, un état d’âme, un ressenti, une réaction. Posture d’accueil, curiosité, attention, accrochage sont également autant d’attitudes pour accéder à la résonnance. Empathie, bienveillance, compassion : la qualité relationnelle bien évidemment est un déterminant de la résonnance. L’expérience personnelle qui stimule la réflexion, la communication et la mise en action favorise la résonnance qui se conclut par une action éclairée. « La méditation est un apprentissage à être en résonnance avec le monde et le rapport qu’on instaure au monde », résume Danis Bois.
« Il est plus difficile de modifier un préjugé que de scinder des atomes ». Danis Bois cite Albert Einstein pour illustrer la difficulté à sortir de notre représentation des choses pour entrer en résonnance. Car il est indispensable de « sortir du système de binarité omniprésent dans notre éducation et trouver une troisième voie qui laissera la force d’agir de l’instant ».
* Antonio Damasio est professeur de neurosciences, de neurologie, de psychologie et de philosophie à l’Université de Californie du Sud à Los Angeles, où il dirige le Brain and Creativity Institute. Il est membre de la National Academy of Medicine et de l’American Academy of Arts and Sciences. Il est notamment l’auteur de L’Erreur de Descartes, de Spinoza avait raison et, dernièrement, de L’Ordre étrange des choses.
** Travaux présentés dans l’ouvrage Sentir et savoir, une nouvelle théorie de la conscience publié aux éditions Odile Jacob.
