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Etat de la recherche en ostéopathie pédiatrique et néonatalogie

Un reportage diffusé par la maison des maternelles a soulevé un tel tollé sur Twitter que le site France Info a publié un article sur le sujet. Nous en avons fait un bref récapitulatif sur notre site. Loin de se laisser emporter par une réaction trop émotionnelle, il faut s’attacher à rester factuel. Existe-t-il aujourd’hui un bon niveau de preuve scientifique de l’indication de l’ostéopathie à destination des enfants, des nourrissons et/ou des prématurés?

Pour aller à l’essentiel, nous ne traiterons que les revues de littérature (systématiques ou non), et les méta-analyses récentes. Les autres types d’études ne seront abordés que s’ils apportent un élément nouveau ou pertinent.

Son efficacité: quel niveau de preuve?

Une première revue systématique de 2013 (Posadzki et coll) permet de rapidement cerner l’état des connaissances. 7 études ont montré des effets supérieurs à la condition contrôle pour l’asthme, l’obstruction du canal lacrymal, la prise de poids et le séjour à l’hôpital, le reflux, les coliques infantiles, l’otite moyenne, et l’asymétrie posturale. Au contraire, 7 autres n’ont mis en évidence aucun effet sur l’asthme, l‘infirmité motrice d’origine cérébrale, la scoliose idiopathique, l’apnée obstructive, l’otite moyenne et les troubles de l’ATM. Sur l’ensemble des études retenues (17) seules 5 études étaient de bonne qualité méthodologique. Quand certaines d’entre elles ont bénéficié d’une reproduction du protocole par un groupe de recherche indépendant des chercheurs initiaux, les résultats n’ont pu être reproduit. Le niveau de preuve est très bas dû au niveau méthodologique de l’ensemble des études. Celles-ci se basent sur de faibles échantillons, sans groupe placebo, ne comparant pas toujours les groupes entre eux. Elles n’indiquent pas pour la plupart s’il y a eu des effets indésirables.

Une revue de littérature de 2016 (Bagagiolo et coll), pointe aussi du doigt que la plupart des études en pédiatrie sont d’une qualité méthodologique médiocre ne permettant pas de supporter les conclusions de leurs auteurs. Ainsi, seul le secteur de la prise en charge des prématurés semble montrer des résultats de bonne qualité.

Ensuite, une revue systématique de 2017 (Lanaro et coll) avec une méta-analyse indique qu’il existe un effet statistiquement significatif (p>0,001) sur la durée de séjour des bébés prématurés ainsi que sur le coût de leur prise en charge. Il semble que le bénéfice d’une prise en charge pour l’enfant est inversement associé à l’âge gestationnel. Ce travail représente un échantillon modérément homogène de 1307 enfants.

Et son innocuité?

La revue systématique de 2017 (Lanaro et coll) indique qu’aucun effet indésirable n’a été rapporté dans les différentes études. De même, l’étude conduite en 2006 (Stubbe et coll) et publié dans l’Apostill, qui a étudié la littérature, de même que les données auprès des assureurs, n’a trouvé aucun de complication. Cela montrerait une sinistralité inexistante ou très faible.

Cependant, il y a la présence dans la littérature d’un cas clinique datant de 2009. Celui-ci rapporte la mort d’un nourrisson suite à une séance par un thérapeute ayant une approche cranio-sacré. (Holla M et coll, 2009). Il précise même que c’est le second cas consécutif à des manœuvres forcées (ici en flexion) sur le cou d’un nourrisson. Il semble qu’il y ait deux causes probables: des lésions neurovasculaires au niveau du cou et/ou problème respiratoire mécaniquement induit (à comprendre, que la position a pu étouffer l’enfant).

C’est un point souvent soulevé que les études en thérapie manuelle et en ostéopathie sont souvent peu détaillé sur la manière de collecter les informations sur les effets indésirables, laissant planer le doute d’une sous-évaluation de ceux-ci. In fine, c’est la question de la bonne évaluation des risques dans la balance bénéfice-risque dont il est question.

Améliorer la pratique

Un article (Mc Glone et coll, 2017) milite pour l’emploi d’un toucher doux, plus à même de stimuler les fibres C afin d’obtenir un effet positif chez le nourrisson. Il semble avoir un impact fort sur beaucoup de facteurs tel que l’attachement, et les émotions (Cascio et coll, 2019). Ce type d’approche est cohérente avec une moindre mise en contrainte de l’enfant et donc des risques de complication.

À retenir:

L’ostéopathie pédiatrique ne semble montrer d’efficacité démontrée que chez le bébé prématuré, mais uniquement sur des paramètres économiques, et de longueur de séjour et pas forcément sur des paramètres cliniques.

La littérature est plutôt rassurante montrant peu de complications suite au traitement. Seul deux cas de décès sont rapportés dans la littérature sans que l’on sache s’il s’agit d’un ostéopathe ou d’un autre thérapeute manuel qui en soit à l’origine.

Un certain nombre d’articles militent pour des manœuvres douce plus à même d’obtenir l’effet thérapeutique attendu.

Il y a un manque criant d’études de bonne qualité dans la littérature. C’est le principal écueil de l’ostéopathie pédiatrique.

Sources:

Bagagiolo D et coll, Osteopathic Manipulative Treatment in Pediatric and Neonatal Patients and Disorders: Clinical Considerations and Updated Review of the Existing Literature, Am J Perinatol. 2016 Sep;33(11):1050-4.

Cascio CJ et coll, Social touch and human development, Developmental Cognitive Neuroscience, 2019, 35: 5-11.

Holla M et coll, Death of an infant following ‘craniosacral’ manipulation of the neck and spine, Ned Tijdschr Geneeskd. 2009, 25;153(17):828-31.

Lanaro D et coll, Osteopathic manipulative treatment showed reduction of length of stay and costs in preterm infants, A systematic review and meta-analysis, Medicine (Baltimore), 2017, 96(12): e6408.

Mc Glone F et coll, The role of gentle touch in perinatal osteopathic manual therapy, Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 2017, 72:1-9.

Posadzki P et coll, Osteopathic manipulative treatment for pediatric conditions: a systematic review, Pediatrics, 2013, 132(1):140-52.

Stubbe L, et coll, Analyse critique des risques attribués au traitement ostéopathique des nourrissons, Apostill, 2006, 17: xx -xx.

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