Des terrains solidaires aux voyages humanitaires, l’ostéopathie se balade de mains en mains. Elle se joue des frontières, des langues, des us et des coutumes. Elle se nourrit d’échanges et les ostéopathes qui vivent cette aventure savent que « le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page »*. Pratiquer l’ostéopathie dans un cadre solidaire et humanitaire fait nécessairement bouger les limites de chaque volontaire. Mais de quelles limites parlons- nous ?
Dans ce numéro, nous nous sommes posé la question de l’identité de l’ostéopathie. À travers cette quête, nous avons remonté l’histoire de l’ostéopathie jusqu’à sa création par Andrew Taylor Still. À la lecture de ce reportage, on peut se demander si l’ostéopathie n’était pas un outil pour s’émanciper des conventions d’un système médical trop étroit pour une pensée novatrice…
De Still à Nietzsche, il n’y a qu’un pas… que je franchis allègrement. Car la pensée Nietzschienne nous aide à comprendre ce qui nous enferme pour dépasser nos propres frontières. Les limites que nous imposons à notre esprit, elles-mêmes imposées par notre système de représentation transmis par notre éducation, notre culture, etc. Alors il faut casser le système et assumer nos ressentis avec des normes qui nous sont propres. Car la finalité de cette pensée nous invite à être heureux dans une réalité totalement assumée. Elle nous incite à retrouver une joie spontanée particulière à l’enfance. Comme une permanence et non pas un point de départ.
Les contours de nos frontières intérieures sont en perpétuel mouvement. Celles bien trop réelles de nos continents et de nos sociétés deviennent aisément franchissables avec l’ostéopathie comme compagnon de voyage. Et si l’humanité de l’ostéopathie résidait dans sa capacité à émanciper quiconque la touche ? Car le sens tactile est unique : lorsque l’on touche, on est toujours touché… en plein cœur ?
* Citation attribuée à Saint-Augustin
Reza Redjem-Chibane
Rédacteur en chef et directeur de la publication