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EDITO #45 – Transmuter la société, une urgence d’actualité

Edito par Reza Redjem-Chibane, rédacteur en chef d’Ostéomag

Le racisme c’est toujours l’affaire d’une majorité sur des minorités. Le racisme n’est pas le problème des victimes et des personnes racisées. C’est l’affaire de la majorité de la société qui ne connaît pas le racisme. Une majorité qui se place dans l’acceptation complice d’un état d’injustice qui définit le racisme. Car le racisme, ce ne sont pas des privilèges que certains possèdent et que d’autres voudraient obtenir. C’est une injustice d’accès aux droits fondamentaux. À l’égalité.

Et dans cette majorité, beaucoup ne se sentent pas concernés. Ce n’est pas une négligence inconsciente mais plutôt une conscience négligée. La transmutation de notre société passera par cette prise de conscience car ne rien voir, c’est être raciste par défaut. « Le seul savoir qui influence vraiment le comportement, c’est celui qu’on a découvert et qu’on s’est approprié soi-même », affirmait Carl Rogers, psychologue humaniste américain. La pensée de cet homme est inspirante pour accompagner cette transmutation. Il précise que les trois attitudes de l’aidant sont l’empathie, la congruence* et le regard positif inconditionnel. Apportons ce soin à cette transmutation.

Nous racisés, avons sûrement assez d’empathie pour comprendre votre situation. Non pas depuis notre propre cadre de référence mais depuis le vôtre. Nous connaissons l’exil et savons nous adapter. Notre histoire est infortunée mais nous saurons donner un accueil inconditionnel à vos cœurs avec la chaleur d’une considération positive et sans jugement. Dans l’Ici et maintenant.

Chers non-racisés, nous pouvons vous écouter pour vous entendre. Car être entendu par l’autre est d’une portée profonde : cela permet de franchir les barrières culturelles, religieuses, raciales pour parvenir à une rencontre de personne à personne.

Carl Rogers insiste sur notre capacité à avancer pour créer un monde meilleur. Il nous encourage à être responsables de nous-mêmes et à nous ouvrir à l’expérience au travers d’une thérapie non directive favorisant la connaissance de soi. « La vie est, au mieux, un processus fluide et changeant en lequel rien n’est fixé », dit-il dans son livre On becoming a Person (1961). Une idée proche de la pensée taoïste du changement et de la transformation.

Chers non-racisés, on ne vous demande pas de comprendre ni nos souffrances présentes et encore moins celles de nos ancêtres. Mais de vous comprendre. « Dès que l’on m’accepte tel que je suis, je change ; voilà un curieux paradoxe », relève Carl Rogers. Un paradoxe qui peut conduire à l’harmonie pour accueillir tendrement et fidèlement la présence de l’autre, la sienne, celle du passé qui résonne encore et qui fait écho à celle du futur.


*Fait d’être adapté, de coïncider

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