Edito #38 : Mémécéou
Mémécéou c’est un mot méditerranéen.
Il signifie naissance des eaux et cascade d’amour.
Mémécéou c’est la nostalgie de l’enfance.
Mémécéou c’est différent d’une kesra* proustienne.
D’abord parce que ça rime avec partout. Et puis ce n’est pas un souvenir mais une sensation. Ce n’est même pas une aventure, juste une possibilité sûre. C’est une confiance sans mots à travers un langage presque connu…
Mémécéou c’est surtout un regard commun vers une fenêtre ouverte sur nos horizons passés. Une présence qui nous accompagne pendant notre enfance et qui, à l’âge adulte, nous laisse enfin entendre une idée de nous plus grande qu’on ne l’imagine. Une idée que ces mots de Djalâl ad-Dîn Rûmi illustrent très bien : « nous ne sommes pas pas une goutte dans l’océan, nous
sommes tout l’océan dans une goutte »…
Mémécéou ne résonne pas avec le fameux Papaoutai de Stromae. Mémécéou s’acoquinerai bien avec ce mot de dialecte algérien partagé avec l’hébreu : mazel. Mazel, ça veut à la fois dire « pas encore commencé » et « qui continue…encore ». C’est quelque chose qui ne s’est pas déjà produit mais qui a déjà commencé. Ce serait une histoire ancestrale non déclarée, hors des frontières
et hors du temps. Une histoire que l’on s’approprie et qu’on se raconte selon le moment et l’envie. Cette histoire crée alors notre réalité, notre vitalité. Le travail de la mémoire c’est le terreau de la pensée. Et quand cette histoire est incarnée par une mémé ensoleillée, alors
nos pensées sont radieuses et revigorantes.
Et l’histoire continue. Beslama jedda !
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Reza Redjem-Chibane
Rédacteur en chef
* La kesra est un pain algérien originaire de l’est, à base de semoule et ayant la forme d’une galette
Crédits photos © MACVAL-2018-Kader-Attia