Pour les accouchements assistés par voie basse, un nouvel instrument d’extraction est à l’essai. Inventé par un mécanicien argentin, l’Odón Device, il pourrait bien révolutionner l’extraction instrumentale lors d’un accouchement par voie basse assisté.
Le professeur Didier Riethmuller du CHRU de Besançon a présenté ce nouveau dispositif, actuellement testé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), lors des 29es Journées Infogyn , à Tarbes du 1er au 3 octobre 2015. L’Odón Device est constitué d’un insert, d’environ 30 cm de longueur, surmonté d’un cône en matière souple. Une fois ce cône posé sur la tête du fœtus à travers le vagin, le dispositif permet de glisser un sac plastique autour de la tête de l’enfant, à l’aide de spatules en silicone contenues dans l’insert.
Inventé par un mécanicien automobile argentin
Alors positionnée après la mandibule du fœtus, une bande transversale du sac plastique est gonflée à l’aide d’une pompe manuelle. L’insert du dispositif est ensuite retiré. Il ne reste plus qu’à extraire le bébé, en tirant le sac, grâce à des poignées prévues à cet effet. « Le dispositif a été réglé pour que les forces de traction ne dépassent pas les 27 kg. Au-delà, le sac se déchire pour limiter le risque de traumatismes », indique le Pr Riethmuller.
L’Odón device tire son nom de son inventeur, Jorge Odón, un mécanicien automobile argentin, qui a eu l’idée de cette méthode après avoir observé des collègues s’amuser à extraire un bouchon en liège d’une bouteille de verre. Leur technique, dénichée sur internet, consistait à gonfler un sac plastique dans la bouteille, puis à le retirer avec force en entrainant le bouchon.
Dans une session TEDx, le concepteur raconte avoir ensuite rendu visite à un médecin obstétricien de Buenos Aires pour lui présenter l’expérience et partager son idée d’utiliser la
mécanique en jeu pour assister les accouchements difficiles. Convaincu, le médecin a participé à la mise au point d’un prototype, via un centre de recherche argentin.
Un dispositif qui intéresse l’OMS
En 2008, le projet a attiré l’attention de l’OMS, qui a décidé de soutenir le développement du dispositif en vue d’amélio
rer la prise en charge obstétrique dans les zones disposant de ressources limitées. Un protocole est actuellement à l’essai, en Argentine, en Angleterre et en Afrique du Sud. Selon l’OMS, « ce dispositif innovant semble plus sûr et plus facile à utiliser que le forceps ou la ventouse
d’extraction lors d’un accouchement assisté. Ce serait également une alternative à moindre risque à la césarienne dans les lieux ayant un accès restreint à la chirurgie ».
En limitant le contact entre la mère et l’enfant lors du passage par la voie vaginale, l’Odón Device réduirait également le risque d’infection. Contrairement aux autres instruments d’extraction, il n’est pas contre-indiqué en cas d’infection par le VIH. Pour le Pr Riethmuller, qui a participé à un groupe de travail pour l’amélioration du dispositif, « la facilité d’utilisation de l’Odón Device devrait favoriser une prise en main par le personnel paramédical ».
Avec les instruments habituels, « l’extraction reste difficile et dangereuse », en particulier avec le forceps. Etant donné qu’elle nécessite une bonne maitrise, l’opération est toujours confiée à l’obstétricien. Or, « il y a une diminution des opportunités de formation », souligne le praticien.
« Repenser » l’extraction instrumentale
Si le dispositif est validé, « ce serait une nouvelle manière de penser l’extraction instrumentale », estime le professeur Riethmuller, qui y voit également « un plan B » pour réduire le recours à la césarienne. Les pays, très portés sur la césarienne, « devraient s’en procurer » le moment venu, estime-t-il. Selon la dernière enquête nationale périnatale de 2010, plus d’un accouchement sur dix est assisté en France par extraction instrumentale. L’utilisation de la ventouse, considérée comme moins traumatique pour le fœtus et le périnée, est devenue majoritaire (5,3% des grossesses), comparativement au forceps (3,9%) et à la spatule (2,9%).
En France, les accouchements par voie basse opératoire et les césariennes ont encore tendance à légèrement augmenter. En 2010, le taux de césarienne était de 21%.
Source : medscapre.fr (3/11/2015)