Pour les chercheurs, la croissance exponentielle du nombre d’articles scientifiques rend difficile la conservation d’une trace de toutes les publications relatives à leur domaine. Comment l’attention portant sur les publications scientifiques diminue-t-elle avec le temps, dû à l’obsolescence de la connaissance ?
C’est la question à laquelle ont tenté de répondre des chercheurs à travers une étude rigoureuse du cycle de vie des articles dans différentes disciplines. Pour des millions d’articles et dans quatre domaines différents, ils ont trouvé qu’après avoir atteint un pic, généralement quelques années après la publication, le nombre de citations diminue de manière relativement rapide et exponentielle. L’existence de nombreuses échelles de temps dans la diminution des citations et notre faculté à construire un espace hypermétrique pour représenter ce déclin les ont conduits à émettre l’hypothèse que la chute des citations est un processus d’hyperdiffusion, comme c’est le cas du déclin de popularité pour le contenu en ligne. Curieusement, le déclin devient de plus en plus rapide, indiquant que les universitaires « oublient » plus facilement les publications aujourd’hui que par le passé. Ils ont relié ce phénomène à la croissance exponentielle du nombre de travaux publiés qui accélère inévitablement le renouvellement des articles dû à la capacité limitée des universitaires de suivre la littérature scientifique.
En fait, en mesurant le temps en termes de nombre de travaux publiés, la diminution apparaît approximativement stable avec le temps. Néanmoins, ils insistent sur le fait qu’ils ont normalisé le temps en utilisant le nombre d’articles parus dans la discipline étudiée. C’est le choix le plus simple, mais pas nécessairement le plus pratique. Les domaines considérés sont assez vastes et divisés en de nombreux sujets différents. Les universitaires travaillant sur n’importe lequel de ces thèmes seront plus touchés par la littérature concernant ce sujet, et ils ne s’intéresseront qu’à peu d’autres choses. Il est très difficile d’isoler la littérature pertinente au cas par cas.
Cependant, considérer le volume entier des publications dans chaque discipline est un moyen d’écarter la croissance exponentielle des productions scientifiques. Cela suffit pour contrebalancer (au moins dans une grande mesure) l’apparent déclin rapide de l’attention observé ces dernières années. L’attention des universitaires dépend donc du nombre d’articles publiés, et non du temps réel.
Source : http://arxiv.org/pdf/1503.01881v1.pdf