Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Grossesse

L’accompagnement de la grossesse

Il est intéressant pour garder une prise en charge la plus adaptée possible de connaitre les dernières publications sur un domaine particulier. Dans ce but, nous avons effectué une rapide synthèse de plusieurs études récentes sur le suivi de la femme enceinte.

La lombalgie

Une toute nouvelle étude porte sur différentes approches en vue d’améliorer la lombalgie de la femme enceinte. S’agissant d’une étude pilote, il faut prendre ça avec un certain recul. L’étude porte sur 30 femmes enceintes (19-29 SA), avec une lombalgie mécanique non spécifique. Mais en fin d’étude, seules 20 ont pu être étudiées, soit 10 par groupe. Ces groupes ont reçu soit un programme de stabilisation lombaire, soit un programme d’étirement. Les deux groupes sont vus 2 fois par semaine pendant 50 minutes sur 6 semaines.

Il y a une réduction statistiquement significative dans les deux groupes (p<0,05), sur la douleur, la posture mais pas sur l’aspect fonctionnel (handicap). Il n’existe pas de différence entre les deux groupes.

Il faut néanmoins nuancer. La douleur n’est diminuée que de 1,68 sur l’EVA, or en général il est souvent considéré qu’il faut atteindre un score de 2 pour que celui-ci soit cliniquement significatif mais certaines études considèrent qu’une différence de1,37 puisse être suffisante pour observer un résultat cliniquement significatif.

Il apparait que l’étirement comme l’exercice intéressant la sangle abdominale sont des approches intéressantes pour la lombalgie au cours de la grossesse.

L’anxiété et la dépression

Mettons nous d’accord dès le début, il s’agit ici de dépression/anxiété anténatale, sachant pour la période en question, l’usage des médicaments étant limité, le recours aux thérapies complémentaires est fréquent. Ainsi, la question est quel est le niveau de preuve de ces dernières pour ces indications précisément ?

Ainsi une équipe s’est occupée d’effectuer une revue systématique accompagnée d’une méta-analyse. Globalement, l’ensemble des études sont d’un niveau de qualité méthodologique assez faible, seul quelques-unes atteignent un haut niveau de qualité méthodologique. Au total c’est un échantillon total de 1092 femmes qui est analysé.  

Il en ressort qu’il n’existe pas de preuves suffisantes d’effets thérapeutiques pour la relaxation, le yoga, la méditation de pleine conscience et les huiles issues de poisson pour ces indications. Cependant, Il semble que l’acupuncture puisse réduire le nombre de femmes diagnostiquées avec une dépression anténatale (1 étude seulement). Le massage pourrait permettre de diminuer la sévérité de la dépression anténatale (1 étude, 149 patientes). Enfin, l’usage de luminothérapie serait un moyen de diminuer également la dépression anténatale (1 étude, 27 patientes).

Il semble qu’il ne s’agisse que de résultats qui puissent être considérés comme un préliminaire à de plus grande études mais pas comme une validation de ces indications. Ainsi, sans occulter le principal traitement conseillé qui est l’usage de psychothérapie, ces thérapies complémentaires peuvent être envisager afin d’accompagner les patientes dans un cadre contrôlé.

Effet de la thérapie manuelle sur des symptômes liés à la grossesse

Protocole

Il s’agit ici de diminuer les symptômes suivants : bouffée de chaleur, nausée, vomissement, sensation vertigineuse, insomnie, céphalée, hypersomnie, hypersalivation, et douleurs cervicales.

Les 115 patientes reçoivent essentiellement des manipulations vertébrales (cervicale et thoracique) en position assise par des chiropracteurs. Elles reçoivent entre 1 et 3 traitements (selon la persistance des symptômes) : 59 ont reçu un seul traitement, 50 deux, et seulement 6 ont reçu 3 traitements. Un petit nombre de patients ont pu présenter de nouveaux symptômes après le premier et le second traitement mais ils ont disparu après le troisième traitement. Seules 2 patients n’ont été que partiellement améliorés à l’issu des 3 traitements.

Les symptômes les plus améliorés sont l’insomnie, les céphalées, les nausées, les vomissements, les sensations vertigineuse, et les cervicalgies. En revanche, l’hypersomnie et l’hypersalivation, dans 22% des cas, elles ne sont pas soulagées.  

Peut mieux faire

On pourra reprocher plusieurs choses à cette étude, il n’est pas fait mention du stade de la grossesse. Or, un nombre important de symptômes sont en général courant au cours du premier trimestre et régresse spontanément au cours du second pour une partie des patientes enceintes. Ainsi, sans groupe contrôle, impossible d’évaluer avec justesse la partie des patientes soulagées par le traitement, et celle qui sont spontanément améliorée par le passage au second trimestre de grossesse. On peut regretter que les auteurs se soient livrés à des tests statistiques pour quel sens de rotation était statistiquement significativement associé avec les symptômes mais pas pour les résultats de traitement eux-mêmes.

Ainsi, du fait d’une méthodologie un peu approximative, il est difficile de confirmer que ces résultats soient simplement dûe à l’effet spécifique du traitement. De plus, il n’est fait aucune mention des effets secondaires du traitement, ni du vécu des patientes en rapport avec ces techniques. Il reste donc un certain nombre de zones d’ombre qu’il reste à lever pour conseiller une prise en charge basée sur ce protocole.

Le ressenti des patientes recevant un soin ostéopathique

C’est toujours intéressant de se pencher aussi sur une étude qualitative concernant le vécu des patientes enceintes qui reçoivent nos soins afin de voir les éléments positifs mais aussi et surtout ce qui reste à faire progresser.

Effets physiques

Sur les effets ressentis de l’ostéopathie, il en ressort que les patientes de l’étude ont la sensation de mieux récupérer de la douleur avant et après l’accouchement. Elles ont le sentiment de recouvrir une fonction optimale. Elles croient dans le fait que l’ostéopathie aide à l’accouchement par le biais d’un pelvis plus libre de s’articuler pour la descente du bébé. Il y a une vision plus biomécanique de leur corps par les patientes dans leur propos parlant de « bon alignement du bassin et des hanches » grâce au traitement ostéopathique.

Effets psychologiques

Le traitement leur donne un sentiment de responsabilisation, de possibilité de prendre les meilleures décisions, d’avoir les idées claires et d’un état mental positif vis-à-vis de l’accouchement. Elles manifestent le fait que les séances les aident à diminuer voire faire disparaitre l’anxiété et les peurs autours de l’accouchement.

L’image de l’ostéopathie

Les patientes ont fait le choix de l’ostéopathie par rapport à d’autres thérapies manuelles du fait d’une image d’une approche plus douce y compris au niveau des manipulations vertébrales jugée moins brutales que dans d’autres thérapies manuelles. Elles ont recours à l’ostéopathie pour un accouchement plus naturel et parfois aussi pour ne pas revivre des accouchements difficiles. C’est aussi associé à une vision plutôt négative de l’obstétrique et de ses instruments (ventouse, forceps, etc…).

Un nombre important des patientes recevant une prise en charge ostéopathique en cours de grossesse ont amené leur nourrisson en post partum pour un soin ostéopathique.

Point central et conclusion

Un des points importants soulevé par l’étude est que la relation entre l’ostéopathe et la patiente est la pierre angulaire dans la construction du sentiment de confiance et de responsabilisation de la patiente dans la préparation à son accouchement.

Ainsi, il apparait que l’ostéopathie puissent permettre aux patientes d’aborder l’accouchement de manière bien plus sereine, de prévenir une expérience désagréable et d’aider à la gestion de celui-ci tout en permettant une sensation de récupération plus rapide des douleurs post-partum.

Sources :

Carvalho FAP et al, Effects of lumbar stabilization and muscular stretching on pain, disabilities, postural control and muscle activation in pregnant woman with low back pain: a pilot randomized trial, Eur J Phys Rehabil Med. 2020.

Sheraton A et al, Experiences of pregnant woman receiving osteopathic care, Journal of Bodywork and Movement Therapies, 2017, 22(2), 321–327.

Skarica B, Effectiveness of Manual Treatment on Pregnancy Symptoms: Usefulness of Manual Treatment in Treating Pregnancy Symptoms. Med Arch. 2018 Apr;72(2):131-135

Smith CA et al, The effect of complementary medicines and therapies on maternal anxiety an depression in pregnancy: a systematic review and meta-analysis, journal of affective disorders, 2019, 245: 428-439.

Hallux

Réagissez : Que pensez-vous de cet article ?

Vous êtes curieux ? Bénéficiez d’un accès illimité à tous les articles du site et bien plus encore… en vous abonnant !

Hallux
Hallux

Partager cet article

Ecrire un commentaire

Nous utilisons les cookies afin de fournir les services et fonctionnalités proposés sur notre site et afin d’améliorer l’expérience de nos utilisateurs.
Les cookies sont des données qui sont téléchargés ou stockés sur votre ordinateur ou sur tout autre appareil.
En cliquant sur ”J’accepte”, vous acceptez l’utilisation des cookies.