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CSI

Le CSI ou faire l’inventaire des facteurs psycho-sociaux

On parle beaucoup du modèle psychosocial en ce moment mais la question des outils pour mettre en évidence et gérer ces facteurs reste parfois en suspens. Avant d’aller mesurer spécifiquement certains facteurs psycho-sociaux, il peut être intéressant de se faire une idée des facteurs à l’œuvre et de scorer la présence d’une sensibilisation centrale. C’est un des rôles du Central Sensitization Inventory ou CSI de permettre d’avoir déjà une première approche de ces derniers et leur impact. Il complète plutôt bien le StarT Back Tool pour la prise en charge des patients douloureux lombalgiques par exemple.

Le questionnaire précisément

CSI

Vous retrouvez 25 questions avec cinq possibilités de réponse que l’on note de jamais (0) à toujours (4). On obtient donc un score total sur 100 pour la partie A. La partie B permet de mettre en évidence des pathologies connues pour être basées sur un processus nociplastique.

Au-delà du score les questions portent sur de nombreuses données comme le sommeil, l’anxiété et éventuellement une possibilité de dépression qui sont des facteurs de comorbidité importants dans la douleur chronique. Certains de ces items sont présents dans d’autres questionnaires que nous allons détailler dans d’autres fiches. Ce questionnaire a un coté composite qui lui permet d’analyser de manière large.

Sa fiabilité et son niveau de preuve

La valeur alpha de Cronbach comme nous vous l’avions dit dans une précédente fiche est un indicateur de qualité du questionnaire, ici, les valeurs tournent autours de 0,872 à 0,914 ce qui est un excellent score. Ce test a des scores interclass correlation (ICC) de 0,817 à 0,971. Or, ceux-ci permettent de mesurer la reproductibilité du questionnaire, cela veut dire que celui-ci est fiable d’une mesure sur l’autre. Les éléments les plus robustes du questionnaire sont dans l’ordre, l’incapacité générale et les symptômes physique (Cronbach alpha= 0,80), la détresse émotionnelle (Ca= 0,80), et la sensibilité centrale élevée (Ca=0,78).

Ce questionnaire semble être transculturel et s’adapte bien à toutes les langues. Certaines études ont tenté d’établir une classification de la sévérité de la sensibilisation centrale (Subclinique, léger, modérée, sévère ou extrème). Néanmoins, le point de rupture à surveiller est un score de 40 au questionnaire (Se=0,81, Sp=0,75). A partir de ce score, une sensibilisation centrale est à considérer. Par exemple, un score supérieur à 40 est lié avec des scores d’incapacité post-opératoire plus élevés. Ainsi, il semble que le CSI soit corrélé avec l’intensité douloureuse préopératoire et avec la quantité d’antalgique postopératoire dans les interventions de prothèse de genou. Plus encore, chaque tranche de 10 points supplémentaires rallonge de 6,4% le temps d’hospitalisation post-opératoire.

Et en ostéopathie alors ?

Il faut comprendre que ce score permet de confirmer la présence d’une sensibilisation centrale. Là où le StarT Back Tool permet de mesurer un risque de chronicisation chez le lombalgique, le CSI va préciser un des mécanismes à l’œuvre. Chaque dizaine de points supplémentaire impacte un peu plus lourdement le pronostic fonctionnel. Ce questionnaire peut servir de bilan initial et de suivi et surtout va permettre de participer au triage du patient.

Un cas concret

Vous recevez Jean, la cinquantaine qui a un métier physique, cela fait plus de 15 jours qu’il traîne une lombalgie. Initialement, il s’agissait d’un lumbago aigu mais la douleur est moins intense cependant la douleur ne cède pas avec le temps. Le StarT Back Tool montre un risque modéré de chronicisation de douleur. La question est de confirmer qu’il pourrait y avoir une sensibilisation centrale (influence top-down). Vous faîtes donc remplir le CSI par le patient. Celui montre un score de 45. Il y a donc bien une part de douleur nociplastique malgré des signes de douleur nociceptive. Il faut donc prendre en compte cette part dans votre prise en charge. Il sera aussi intéressant de refaire remplir le CSI d’ici quelques semaines après le traitement pour voir si le patient est repassé sous le seuil de 40. N’hésitez pas à surveiller les réponses des questions 12, 17,22,23 qui peuvent être intéressant pour la question du sommeil. La combinaison 16, 17 eux, peuvent aussi renseigner sur l’aspect de la dépression à surveiller voir à compléter avec le questionnaire PHQ (voir dans la fiche clinique consacrée à ce dernier).

Sources :

Pitance L et coll, Cross cultural adaptation, reliability and validity of the French version of the central sensitization inventory. Sept 2016, Vol 25, pages e83–e84.

Scerbo T et coll, Measurement Properties of the Central Sensitization Inventory: A Systematic Review, Pain Pract, 2018,18(4):544-554.

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