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Sclérose en plaque

L’usage des médecines complémentaires dans la sclérose en plaque

Comme souvent dans les pathologies chroniques l’usage des thérapies complémentaires est fréquent, la sclérose en plaque (SEP) ne fait pas exception. Qu’est ce que traduit cet état de fait ? Quelle est le niveau de preuve et d’efficacité de ces différentes thérapies pour cette indication ?

Un usage très répandu

Selon les études entre un tiers et la quasi-totalité des patients avec une SEP a eu recours aux thérapies complémentaires. Et même dans les 12 derniers mois, environ 51,8% des patients avec une SEP auront eu recours à une thérapie complémentaire. Bien souvent cela se fait sans informer l’équipe médicale de ce choix.

La plupart des traitements médicaux proposés (immunomodulateurs) ne sont pas sans effet secondaire, voir même sont inefficaces dans 10 à 15 % des cas.

Souvent, les thérapies complémentaires sont à base de programmes d’exercice et de régimes alimentaires ayant pour cible des facteurs de risque modifiables. Que ce soit un régime pour but une alimentation moins riche, ou bien une supplémentation en vitamine D ou bien un sevrage tabagique, il s’agit d’intervention se basant sur des associations entre facteurs de risques et prévalence élevée de la SEP.

À coté de ces dernières d’autres thérapies vont être recensées comme l’acupuncture ou le venin d’abeille, mais aussi des interventions à visée psychologique (de type TCC ou mindfulness) ou l’usage de cannabis.

Y a-t-il un effet des médecines complémentaires pour la sclérose en plaque ?

Une revue systématique a voulu mieux comprendre l’usage de celle-ci pour les patients souffrant d’un SEP.

Concernant l’usage d’exercice, il semble qu’il y ait un effet sur l’aspect fonctionnel (vitesse de marche, équilibre, fatigue, composante physique et psychologique) mais que l’effet n’est pas systématiquement durable. L’usage d’accessoire comme le wii balance board pour des exercices associés ne montrent pas d’effet significatif. Le yoga montre lui quelques effets significatifs intéressants. La qualité des études est assez inégale et souvent en simple aveugle et comparé à des groupes contrôle non-placebo.

Le cannabis semble avoir des effets assez larges sur l’incontinence, la douleur, ou la spasticité par rapport à un groupe placebo. Les études sont de bonne qualité avec de grands échantillons. Deux études de très bonne qualité viennent contrebalancer ces résultats en ne montrant aucun effet sur la douleur et la spasticité.

Dans les interventions sur le régime alimentaire, il s’agit de supplémentation en vitamine D majoritairement. Bien souvent, il n’y a aucun effet significatif, seules quelques études montrent des effets modestes. En revanche sur certains marqueur sanguins et au niveau des lésions objectivables à l’IRM, il semble y avoir des résultats. Malheureusement, les données sont contradictoires. Autre intervention possible, une supplémentation en acide gras insaturé mais une étude est avec un faible échantillon et les conclusions sont discutables. La seconde étude de bien meilleure qualité n’a pas montré d’effet. L’usage de biotin semble ralentir la progression de la SEP à haute dose mais le Gincko n’a strictement aucun effet.

Puis viennent les interventions à visée psychologique. Les TCCs montrent des effets très intéressant sur la santé en générale, mais aussi sur la dépression, l’anxiété, la qualité de vie, la fatigue et le handicap tout en ayant un impact limité sur l’aspect fonctionnel. Le sentiment d’auto-efficacité s’en trouve bien amélioré. Les effets peuvent être mesuré sur le long terme (jusqu’à 1 an). L’usage de mindfulness semble aussi avoir des effets sur les mêmes composantes.

L’étude a relevé aussi quelques études portant sur d’autres types de thérapies complémentaires. L’usage d’exercices relaxation et de respiration améliore les aspects liés à la dépression et à la fatigue mais l’étude ne comportait pas de groupe placebo. La question de l’effet spécifique reste toujours posée. L’usage de point de réflexologie plantaire n’a qu’un effet à court terme sur la douleur et cet effet n’est pas supérieur au placebo.

En définitive, les auteurs concluent à un manque d’étude fiable pour établir des recommandations fiables.

Un second effet Kiss-Cool

L’équipe de Rommer et de ces collègues a étudié les composantes psychosociales présentes chez les patients atteints de SEP ayant recours ou non aux thérapies complémentaires. Premier constat, les patients consultant des thérapeutes complémentaires sont souvent ceux dont la pathologie est la plus ancienne et la plus handicapante. Leur comportement adaptatif (coping behavior) est très différent. Ils sont en recherche d’information sur leur maladie, mais d’un sens à cette dernière notamment par le biais de la religion. Ils broient du noir de manière plus importante, et sont plus à risque de dépression. Les deux-tiers d’entre eux rapportent des effets positifs sur leur bien-être par rapport à leur état de santé.

Les auteurs posent la question d’un besoin particulier que la prise en charge plus classique n’a pas prendre en compte. Cela pose aussi la question de la prise en charge des facteurs psychosociaux.
On retrouve ici des composantes assez similaires aux patients douloureux chroniques qui sont aussi en recherche de sens et d’information sur leur état.

Une brève conclusion

Ce travail montre que ces thérapies viennent répondre à un besoin et/ou une demande des patients. Comme dans beaucoup de pathologies chroniques la prise en compte de l’aspect psychosocial reste un peu mise de côté. Dans ce cadre il semble que l’usage de TCC et l’encouragement d’exercice physique et de relaxation puisse permettre d’agir sur l’aspect physique et psychologique.

Et l’ostéopathie est-elle en reste ? Nous avions déjà abordé la question dans un précédent article.

Sources:

Claflin SB, et coll, Complementary and alternative treatments of multiple sclerosis: a review of the evidence from 2001 to 2016, J Neurol Neurosurg Psychiatry. 2018, 89(1):34-41.

Rommer PS, et coll, Coping behavior in multiple sclerosis-complementary and alternative medicine: A cross-sectional study, CNS Neurosci Ther. 2018, 24(9):784-789.

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