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Alimentation stress oxydatif

Nombre et fréquence des repas : quel effet sur les maladies chroniques ?

Quels sont les effets sur l’organisme de la fréquence et du moment des repas ? Au-delà de ce que nous mangeons, la question du rythme des repas soulève un grand intérêt, particulièrement aujourd’hui où ces rythmes sont parfois déstructurés.

Comme le souligne le Dr Julie-Anne Nazare (Centre de recherche en nutrition humaine Rhône-Alpes, Lyon), « nous avons pu observer ces dernières décennies une modification globale des rythmes alimentaires avec le passage de trois repas quotidiens structurés à un nombre plus important de prises alimentaires au cours de la journée, participant à la déstructuration des repas ». Cette augmentation de la fréquence des prises alimentaires pourrait avoir des effets sur les paramètres métaboliques, d’une part via la modification de la quantité totale d’énergie ingérée et de la qualité nutritionnelle des ingestas, et d’autre part via une réduction significative de la période de jeûne physiologique entre deux repas.

Les repas provoquent un pic de lipémie plus ou moins élevé et durable reconnu comme des facteurs de risque de maladies chroniques, notamment cardiovasculaires

Des facteurs de risque de maladies chroniques

Quand on s’alimente, trois états se succèdent en se chevauchant sur une période de vingt-quatre heures : l’état postprandial dure entre trois heures et cinq heures selon le type de nutriments consommés ; l’état post-absorptif lui succède et s’étend sur les six heures suivantes ; enfin, l’état de jeûne suit la période post-absorptive, dix-douze heures après le dernier repas. « Ainsi, au rythme de trois ou quatre repas par jour, nous passons seize heures sur vingt-quatre heures en état postprandial », précise Julie- Anne Nazare. C’est à ce moment qu’a lieu le stockage des lipides et des glucides alimentaires, en lien direct avec l’obésité. Les repas provoquent un pic de lipémie plus ou moins élevé et durable (2 à 6 heures). Selon le même schéma, l’utilisation et le métabolisme global du glucose se prolongent bien au-delà de deux heures. Ces pics sont reconnus comme des facteurs de risque de maladies chroniques, notamment cardiovasculaires.

Fractionnement des repas : un impact incertain

Certaines études épidémiologiques suggèrent une relation favorable entre une fréquence élevée des prises alimentaires et le contrôle du poids corporel ainsi que le maintien d’une bonne santé métabolique. Toutefois, estime le Dr Nazare, « plusieurs limites méthodologiques doivent modérer ces conclusions, notamment les différentes méthodologies de mesure utilisées, la probable sous-déclaration des quantités ingérées, et l’insuffisance de la prise en compte de l’activité physique. Les quelques essais d’intervention contrôlés qui se sont intéressés à la question de la fréquence des repas, avec la limite du nombre de sujets inclus et leur courte durée, ont montré peu ou pas d’impact bénéfique de l’augmentation de la fréquence des repas sur le poids corporel, le bilan énergétique et la santé, en condition isocalorique ou hypocalorique. À l’inverse, dans une étude contrôlée, notre équipe a démontré un effet favorable du fractionnement alimentaire aigu sur les différents aspects de la satiété chez l’homme sain et chez le sujet obèse. Il n’y a donc pas de réponse globale sur l’amplitude souhaitable des variations lipidiques et glycémiques ». Les recherches doivent être poursuivies et intensifiées.

L’heure du repas comptealimentation stress oxydatif

Outre le nombre de repas, l’heure et la répartition des calories ingérées au cours de la journée comptent. Ainsi, s’alimenter tard dans la journée ou la nuit perturbe les rythmes circadiens, et peut avoir des effets néfastes sur le poids et la santé. La désynchronisation entre les rythmes circadiens et le rythme des prises alimentaires pourrait participer à un surrisque métabolique, en particulier chez les travailleurs postés. Chez l’animal, des données récentes mettent en avant l’importance de respecter des périodes de jeûne inter-prandial, indépendamment de la quantité d’énergie ingérée. « Chez des souris obèses ou diabétiques de type 2, sous un régime Time restricted feeding (prise des repas sur une période de temps limitée), les effets métaboliques délétères d’une alimentation hyperlipidique sont contrecarrés », explique le Dr Nazare. Chez l’homme, seules quelques études contrôlées à ce jour se sont intéressées à l’importance du timing des repas, montrant notamment un effet bénéfique de la présence d’un petit déjeuner ou encore de la consommation d’énergie plutôt en début de journée sur des paramètres tels que le poids ou la sensibilité à l’insuline.

L’augmentation de la période de jeûne entre les repas pourrait avoir un impact bénéfique sur le poids corporel et la santé métabolique

Si ces données suggèrent que l’augmentation de la période de jeûne entre les repas pourrait avoir un impact bénéfique sur le poids corporel et la santé métabolique, « les mécanismes sous-jacents restent encore à éclaircir, et des études contrôlées à plus large échelle seront nécessaires pour évaluer ces stratégies sur le long terme et dans différentes populations », conclut le Dr Nazare.

[su_spacer]✎ Source : egora.fr (4/03/2016) d’après la communication du Dr Julie-Anne Nazare lors de la session « Qui dort, dîne ? Rythmes biologiques et santé » lors de la Journée annuelle de l’institut Benjamin Delessert à Paris le 5 février 2016

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