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Déchirure de la coiffe des rotateurs : des protocoles de test oui, mais des interprétations spécifiques

La lésion de la coiffe des rotateurs est la pathologie de l’épaule la plus courante mais son tableau clinique peut être très varié. Un article du Journal of orthopaedic science propose une synthèse des publications les plus récentes afin de déterminer la prise en charge la plus efficace. L’auteur souligne qu’au moins 20 % de la population adulte américaine aurait une déchirure de la coiffe. Cette prévalence passerait à 25 % pour les plus de 50 ans. Cependant, un tiers des déchirures seulement causerait une douleur manifeste.

La principale cause de la douleur étant l’inflammation, le traitement le plus approprié serait les anti-inflammatoires et les analgésiques. Ils calment la douleur et diminuent le motif de consultation. La thérapie physique et manuelle serait également recommandée et efficace pour 73 à 80 % des patients. Les auteurs se sont penchés sur la recherche de critères qui détermineraient l’efficacité de la prise en charge.

déchirure coiffe rotateur
Mise à jour sur les déchirures de la coiffe des rotateurs

Le docteur Itoi a mené une étude clinique publiée en 2013 afin de déterminer les caractéristiques orthopédiques des différents types de déchirure de coiffe. Suite à une étude IRM et clinique, les chercheurs ont déterminé une liste de paramètres qui pourraient aider le clinicien dans sa prise de décision. Un traitement alliant analgésiques et thérapie physique peut être envisagé avec 92 % de probabilité d’amélioration pour les patients aux caractéristiques suivantes : pas de conflit sous-acromial, mouvement actif de rotation externe > 35°, intégrité du tendon du supra-épineux et présence d’une atrophie du supra-épineux sur l’IRM. En revanche, le taux de réussite concernant les patients ne présentant aucune de ces caractéristiques n’est que de 5 %. D’autres études viendront confirmer ou infirmer ces nouvelles hypothèses défendues par l’auteur.

Evidemment, l’examen clinique reste essentiel pour orienter au mieux le patient. Le docteur Itoi et son équipe décrivent avec précision le protocole de tests qui débute par une observation attentive de l’épaule, notamment le positionnement de la scapula et l’éventuelle atrophie des muscles de la coiffe. L’orthopédiste recommande ensuite d’observer le mouvement actif de l’épaule, dans la qualité et la quantité de mouvement. La palpation arrive après, notamment des muscles de la coiffe et de leurs insertions. Enfin, plusieurs tests orthopédiques sont décrits afin de tester avec précision les structures impliquées.

Référence : Itoi E. Rotator cuff tear : physical examination and conservative treatment. J Orthop Sci 2013;18:197-204

Tests orthopédiques de l’épaule : une validité à tester

Une étude récente, reprenant tous les articles publiés en orthopédie depuis la création des principales bases de données jusqu’à 2013, montre que seuls deux tests ont une validité clinique avec une bonne sensibilité et spécificité : le test de « l’arc douloureux » et le test de rappel automatique en rotation interne (Neer, 1990).

Référence : Herman J, Luime JJ, Meuffels DE, Reijman M, Simel DL, Bierma-Zeinstra SM. Does this patient with shoulder pain have rotator cuff disease ? : The rational clinical examination systematic review. JAMA Aug 2013;310(8):837-47.

Les tests orthopédiques de référence en clinique restent le test de Jobe (dit « empty can ») (Jobe FW, Moynes DR. Delineation of diagnostic criteria and a rehabilitation program for rotator cuff injuries. Am J Sports Med. 1982;10:336–339.) et le test de Kelly, dit « full can » (Kelly BT, Kadrmas WR, Speer KP. The manual muscle examination for rotator cuff strength: an electromyographic investigation. Am J Sports Med. 1996;24:581–588). Selon leurs auteurs, ces tests auraient respectivement une sensibilité et une spécificité de 70 et 75 %. Peu de littérature est consacrée à l’évaluation de ces tests de référence. Une équipe pluridisciplinaire et multiculturelle a testé étudié la différence entre ces deux tests. Les résultats de cette étude montrent que le test de Jobe entraine plus de rotation scapulaire, d’élévation et de protraction de la clavicule que le test de Kelly. Cependant, il n’y a pas de différence de sensibilité entre les deux tests par rapport à une éventuelle rupture du supra-épineux ou d’un conflit sous-acromial.

Référence : Timmons MK, Lopes-Albers AD, Borgsmiller L, Zirker C, Ericksen J, Michener LA. Differences in scapular orientation, subacromial space and shoulder pain between the full can and empty can tests. Clinical Biomechanics 2013;28:395-401

Des différences anatomiques ?

Une autre équipe de chercheurs a remarqué que les tests orthopédiques n’étaient pas toujours les meilleurs indicateurs de la cause de la douleur. Chaque épaule comporte en effet des différences structurelles qui engendreraient une altération de la fonction. Ces chercheurs ont ainsi mis en évidence la relation structure-fonction.

Type d'acromion : I, plat ; II, incurvé ; III, en crochet. 1A : pente acromiale 1B : inclinaison acromiale (relation entre la partie antérieure de l'acromion et le processus coracoïde) 1C : angle acromial latéral 1D : index acromial (distance entre la glénoïde et l'acromion, divisé par la distance entre la glénoïde et l'aspect latéral de la tête humérale)
Type d’acromion : I, plat ; II, incurvé ; III, en crochet. 1A : pente acromiale 1B : inclinaison acromiale (relation entre la partie antérieure de l’acromion et le processus coracoïde) 1C : angle acromial latéral 1D : index acromial (distance entre la glénoïde et l’acromion, divisé par la distance entre la glénoïde et l’aspect latéral de la tête humérale)

Ils ont réalisé une étude rétrospective portant sur les dossiers de 563 patients ayant subi une arthroscopie : 113 suite à une déchirure totale du supra-épineux, 50 sélectionnés aléatoirement et 50 sélectionnés de manière aléatoire dans un groupe de patients ayant une coiffe intacte.

Résultats : Le risque d’avoir une déchirure de la coiffe est augmenté en cas de :
– Acromion type III, en « crochet » ;
– Pente acromiale importante > 25° ; risque très élevé si > 40° ;
– Angle acromial latéral diminué, risque très élevé si < 70° ;
– Index acromial important ;
– Patients de plus de 50 ans.

Il n’y a pas de résultats significatifs par rapport à l’inclinaison acromiale et pas de différence entre les patients ayant une rupture de la coiffe et un conflit sous-acromial.

Référence : Balke M, Schmidt C, Dedy N, Banerjee M, Bouillon B, Liem D. Correlation of acromial morphology with impingement syndrome and rotator cuff tears. Acta Orthop 2013;84(2):178-183

Replacer les tests dans la globalité

Lors de la mise en place de tests orthopédiques, c’est l’ensemble de l’examen clinique qui peut donner une orientation au praticien et non la somme des tests effectués. Le gold standard reste l’IRM et l’échographie pour le diagnostic. Lorsque le praticien a accès aux radios de l’épaule de son patient, il aurait intérêt à faire une étude approfondie des différentes caractéristiques détectées par Balke et son équipe afin de déterminer les risques pour le patient de présenter une pathologie de la coiffe.

Référence : Dinnes J, Loveman E, McIntyre L, Waugh N. The effectiveness of diagnostic tests for the assessment of shoulder pain due to soft tissue disorders : a systematic review. Health Technol Asses 2003;7(29):iii,1-166

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