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Garder l’ostéopathie en tête

Un séjour prévu à Chicago ? Un détour de 400 miles s’impose alors pour un pèlerinage sur le site du berceau de l’ostéopathie à Kriksville, aux États-Unis. Là-bas se trouvent le Musée de médecine ostéopathique et le Centre international d’histoire de l’ostéopathie. Son directeur, Jason Ross Haxton, nous ouvre les portes de ce bâtiment regroupant l’héritage ostéopathique mondial.

Par Chloé Hiriart, ostéopathe

Si vous avez l’opportunité de visiter ce musée, vous serez immédiatement conquis par la richesse des collections uniques au monde qui y sont exposées. Lors de la visite, prenez le temps de vous assoir dans l’Andrew Taylor Still Memorial Library. Cette bibliothèque donne accès à des centaines de documents, livres et photographies. Les non anglophones auront l’opportunité de lire un des numéros de L’ostéopathe magazine, qui a intégré la collection depuis juin 2013.

Le Musée de médecine ostéopathique regroupe quant à lui l’héritage du fondateur de l’ostéopathie, Andrew Taylor Still. Son objectif est de promouvoir et de mettre en valeur l’histoire internationale de l’ostéopathie de 1880 à nos jours.

Sur les traces d’A. T. Still, le « ramancheur de la foudre »

La vie de celui qui est devenu peu à peu l’« Old Doctor » y est détaillée. De son service au sein de l’armée du Kansas pendant la guerre civile aux décès de quatre de ses enfants qui l’ont conduit à chercher des réponses au-delà de la médecine traditionnelle, en passant par la création de notre superbe métier et de sa première école, toute la vie et l’oeuvre d’Andrew Taylor Still est retracée dans ce musée. Grâce aux documents et photos d’époques, le musée nous fait voyager à travers plusieurs états américains, et nous plonge dans cette page de l’histoire qui a permis au docteur Still de redécouvrir et de promouvoir un nouveau type de médecine préventive, manuelle et non médicamenteuse qu’il nomma l’ostéopathie.

C’est à Kirksville, en mars 1875, qu’il ouvrit son premier cabinet d’ostéopathie. Il y pratiquait alors sous les titres de guérisseur magnétique et de « lightning bonesetter ». Comprendre « rebouteux de la foudre », et en québécois… « ramancheur de la foudre ». Il ne se fera « osteopath » qu’en 1885.

[su_spoiler title= »L’ATSU aujourd’hui » icon= »plus-circle »]Chaque année, à travers les États-Unis, l’ATSU rassemble plus de 3 100 étudiants, de 35 nationalités différentes. Ils partagent et développent à travers le monde la philosophie d’A.T. Still : traiter la cause de la maladie et non juste les symptômes. De nos jours, l’Andrew Taylor Still University inclut :

• The Kirksville College of Osteopathic Medicine (ATSU-KCOM) – 1892,
• The Arizona School of Health Sciences (ATSU-ASHS) – 1995,
• The School of Health Management (ATSU-SHM) – 1999,
• The Arizona School of Dentistry & Oral Health (ATSU-ASDOH) – 2003,
• The School of Osteopathic Medicine in Arizona (ATSU-SOMA) – 2006,
• The Missouri School of Dentistry & Oral Health (ATSU-MOSDOH) – 2013.[/su_spoiler]

musée ostéopathieUn développement rapide

Fort de sa réputation, le docteur Still forma d’abord plusieurs de ses enfants ainsi que quelques assistants. La demande étant croissante, il fonda en 1982 la première école d’ostéopathie : l’American School of Osteopathy (ASO). Son développement est très rapide : en janvier 1895, le bâtiment de l’infirmerie, lieu de pratique, est ouvert. La même année, plus de 30 000 traitements sont dispensés soit environ 80 par jours ! En 1897, la superficie du bâtiment principal triple avec l’ajout de deux ailes supplémentaires. En ce lieu, ont étudié tour à tour de grands noms de l’ostéopathie. Entre autres, William G. Sutherland, Rolling E. Becker, Harrison H. Fryette ou encore John M. Littlejohn. Ce dernier apporta l’ostéopathie en Angleterre.

Une maquette du bâtiment d’origine de l’ASO, composé de deux pièces, est visible dans l’atrium du musée. L’école est aujourd’hui connue sous le nom Andrew Taylor Still University / Kirksville College of Osteopathic Medicine (ATSUKCOM). Plus surprenant, la cabane en rondin où naquit A.T. Still en 1828 a été transférée de sa Virginie natale en 1929 jusqu’à Kirksville.

Une collection unique

C’est Blanche Laughin, fille d’A.T. Still, qui eut l’idée en 1934 de fonder un musée de l’ostéopathie en exposant dans le bâtiment administratif de l’ATSU une quarantaine d’objets légués par ses frères et soeurs. Les étudiants de l’ATSU ainsi que des bénévoles ont par la suite réalisé un immense travail de collecte et d’archivage pour enrichir les collections du musée. Mais c’est en 1978 que des financements ont été débloqués pour développer le musée dans des locaux plus grands. De 1980 à 2000, la croissance du musée fut plus faible, mais constante. Depuis 2001, Jason Ross Haxton, directeur du musée, et son équipe collectent, conservent et rendent visibles les documents et pièces uniques du musée afin de transmettre au grand public l’histoire et la philosophie des principes ostéopathiques. Des objets provenant d’autres musées ou de collections particulières d’ostéopathes comme Harold I. Magoun, Georges M. Laughlin ou de Jason R. Haxton reflètent également cette histoire.

Dans la galerie principale du musée, vous pourrez également observer quelques-uns des 50 000 objets, livres, documents et photographies. Par exemple, le travail de William G. Sutherland sur l’ostéopathie crânienne, ou encore, l’exposition Despite the Body of Evidence (NDLR : malgré la preuve du corps) retraçant l’histoire de l’étude anatomique de l’ancienne médecine grecque à nos jours. De plus, les collections du Centre International d’Histoire de l’Ostéopathie comprennent de nombreux titres des collections spéciales de la bibliothèque de l’ATSUKCOM. Le musée possède aussi une des quatre dissections intégrales existant au monde du système nerveux humain. Un véritable chef-d’oeuvre qui, à lui seul, vaut le détour. Depuis 2013, un jardin met en vedette les plantes médicinales utilisées par le Dr Still, on y trouve aussi des sculptures originales en bronze et même un étang de pêche. Ce jardin est vite devenu le lieu de prédilection des étudiants, visiteurs du musée, et de la communauté ostéopathique internationale qui viennent se détendre dans cet environnement calme et paisible.

[su_spoiler title= »Ils ont pensé à tout ! » icon= »plus-circle »]Vos enfants ne seront pas mis de côté lors de votre visite. Au sein même du musée se trouve la « Mini Medical School ». On leur enseignera, sous forme de six petites activités ludiques, quelques bases anatomiques ainsi que des principes sur l’hygiène ou la nutrition. Les kids ressortiront diplômés du musée ![/su_spoiler]

La contribution de l’Académie française d’ostéopathie

L’Académie française d’ostéopathie (AO) a fourni les premiers fonds privés pour le traitement, l’analyse et la numérisation des collections. La subvention de l’AO, associée au fonds de conservation du Musée, a permis de numériser toutes les éditions de la revue The Journal of Osteopathy publiées par l’American School of Osteopathy entre 1894 et 1900. Ce journal représente une mine d’informations concernant les principes et la pratique ostéopathique au fil des années. Dans ce lieu unique, nous naviguons entre passé et présent. Le musée établit un lien entre un héritage ostéopathique et une époque moderne qui remet en question les théories et dogmes du passé par des études scientifiques et randomisées. Le Musée de médecine ostéopathique reçoit en moyenne 6 000 visiteurs par an. Dans les années à venir, il ne tient qu’à vous de faire augmenter ce chiffre, et de partager votre expérience personnelle avec Jason Haxton et les autres ostéopathes présents sur le site.

[su_spoiler title= »« The Legacy Project » » icon= »plus-circle »]Ce projet réunit une équipe qui effectue une veuille permanente pour identifier des membres influents de la communauté ostéopathique, qu’ils soient ostéopathes ou chercheurs, dont la carrière a fait évoluer la profession ostéopathique. L’objectif est de minimiser les pertes potentielles de données relatives à l’ostéopathie et de contribuer à leur diffusion vers les futurs praticiens dans le monde entier. Ce projet a permis de préserver des ouvrages appartenant à Irvin Korr, William Johnston, Harold Magoun Jr., ou encore Viola Frymann.

Plus d’informations sur www.atsu.edu/museum/legacy_ project/[/su_spoiler]

[su_spoiler title= »Cinq questions à Jason R. Haxton, directeur du musée » icon= »plus-circle »]musée ostéopathieBonjour Jason. Tout d’abord, comment devient-on conservateur du musée de l’ostéopathie ?
Je suis arrivé à Kirksville en 1981 afin d’y poursuivre mes études en administration universitaire. Après avoir administré le collège pendant vingt ans, j’ai postulé pour devenir le directeur du musée. Ma candidature était basée sur mes connaissances de l’histoire de l’art, ma formation initiale et mon expérience dans l’administration. De plus, durant toutes ces années, j’ai été bénévole actif du musée d’ostéopathie et j’ai fait don de plusieurs objets.

Quelles sont les missions du musée ?
Le Musée de la Médecine Ostéopathique est une institution mondiale unique pour les ostéopathes. C’est le seul musée reconnu par l’American Osteopathic Association. Il préserve le matériel historique et propose une programmation culturelle sur l’histoire de la médecine ostéopathique. Notre mission peut se résumer ainsi : préserver et promouvoir l’histoire et les principes ostéopathiques et servir la recherche. Nous nous adressons aussi à un public mondial.

Quel est aujourd’hui le travail accompli ?
Grâce au soutien financier de l’ATSU, les dons du public et d’importantes subventions du gouvernement, un tiers de la collection a été numérisé en 12 ans. Elle est disponible en ligne sur le site du musée. Au cours des six dernières années, nous avons recueilli un demi-million de dollars permettant de mettre en ligne les écrits personnels inédits du fondateur de l’ostéopathie, 20 000 objets de la collection qui en compte 65 000 et d’employer du personnel afin de conserver et de traiter la collection. Notre objectif est également de publier un minimum de quatre livres ostéopathiques par an. Ainsi, en 2012, j’ai copublié le livre L’avantage de la Médecine Ostéopathique.

Pouvez-vous nous parler de cette programmation culturelle ?
Afin de promouvoir les principes de la médecine ostéopathique, j’effectue chaque année plusieurs voyages à l’étranger (Russie, Allemagne, Japon, Nouvelle-Zélande, Australie, Canada, Portugal, Espagne, Italie, Écosse, Suède, Brésil et Royaume-Uni). Je présente des expositions et j’anime des conférences pour apporter l’information historique nécessaire aux recherches de certains ostéopathes.

Par ailleurs, la structure du musée permet à de nombreux étudiants d’utiliser les concepts et les premiers écrits du docteur Still comme base pour leurs recherches.

Enfin, le musée traduit en d’autres langues les livres et les écrits d’A.T. Still et d’autres figures de l’ostéopathie.

Qui visite le musée ?
Le musée est visité par un très large public. Mais son site internet l’est également. J’accueille également à Kirksville des professeurs des écoles internationales d’ostéopathie et j’aide les ostéopathes qui le souhaitent à faire une thèse de deux ans de recherche clinique.

Le musée en quelques chiffres entre 2012 et 2013

Visiteurs pour le musée : 5 829
Demandes d’informations : 788
Visiteurs pour les expositions et lectures
à travers le monde : 1 976
Portée totale : 8 593 personnes
Visiteurs sur le site internet du musée : 13 527[/su_spoiler]

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