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Troubles du sommeil chez le bébé et l’enfant : un stress à couper le souffle !

Nous sommes très souvent confrontés à des troubles du sommeil chez nos jeunes patients. Ils ont un effet sur leur santé à court et long terme, mais aussi … sur celle de leur entourage ! Pour ce 3e et dernier volet de nos reportages sur le sommeil, nous avons choisi de vous présenter l’approche ostéopathique des troubles du sommeil pendant l’enfance de Liz Hayden*, ostéopathe britannique.

Les problèmes de sommeil, très fréquents chez les bébés et les enfants, représentent un défi pour les ostéopathes. À travers une approche clinique, Liz Hayden explore l’étiologie des troubles du sommeil et les facteurs fonctionnels, neurologiques et mécaniques usuels qui accompagnent souvent la période prénatale et la naissance. Son approche permet de mieux comprendre comment le traitement ostéopathique peut intervenir efficacement dans les mécanismes du sommeil. Par l’interrogatoire et le diagnostic, l’ostéopathe doit trouver ce qui provoque l’inconfort et trouble le sommeil de l’enfant. Il s’agit de traiter les dysfonctions dans les plus brefs délais pour ne pas affecter son développement. Selon Liz Hayden, les troubles du sommeil sont principalement causés par quatre facteurs :

• Une hyperactivité de systèmes adrénergique et nerveux,

• Un seuil de tolérance à la douleur bas,

• Un inconfort digestif,

• Une fonction pulmonaire déficiente ou une congestion des sinus.

Sans titre

L’hyperactivité des systèmes

Elle conseille de prêter une grande attention aux « wide-eyed baby », ces bébés qui se présentent en consultation dans un état d’hyperalerte avec des yeux grand ouverts. Les parents rapportent alors souvent que leur enfant a besoin d’être continuellement en mouvement, qu’il est très alerte et en avance au niveau de son développement moteur. Il s’assoit et rampe précocement et cherche même à se tenir debout. L’ostéopathe devra donc évaluer le bébé afin de voir s’il n’y a pas un problème sous-jacent d’hyperactivité du système nerveux ainsi qu’un manque de sommeil. Ce type d’hyperactivité débute en général durant la grossesse lorsque le foetus et la mère sont interconnectés. Si au cours de cette période le niveau de cortisol (hormone du stress) est élevé chez la mère, cet apport hormonal massif affectera le bébé (voir également notre reportage sur l’épigénétique paru dans L’osteopathe magazine n°18). Après l’accouchement, son taux de cortisol aura tendance à rester élevé. Il sera dans un état de stress chronique et d’hypersensibilité entraînant des problèmes d’endormissement ou des réveils multiples. Pour Liz Hayden, il est indispensable pour l’ostéopathe, lors des six premiers mois de vie, de considérer la mère et l’enfant comme une seule et même entité. Le stress maternel se reflétant directement sur le bébé, ce dernier sera plus instable si sa mère a eu une journée stressante. Il sera donc très important de traiter la mère pour réduire son niveau de stress et ainsi améliorer le sommeil et l’état de santé global du bébé.

Quels mécanismes à l’origine d’un taux de cortisol élevé ?

En réponse à un stress émotionnel ou physique, la médulla produit de l’épinéphrine (ou adrénaline) et de la noradrénaline. Par vasoconstriction ou vasodilatation des vaisseaux, la pression sanguine est modifiée pour orienter la vascularisation des viscères vers le système musculo-squellitique.

L’organisme reste dans un état d’hypervigilance et s’épuise ensuite

Car l’objectif et de préparer le corps à une réponse de combat ou de fuite, le fameux « fight or flight ». Dans le même temps, les glandes surrénales produisent du cortisol qui stimule la glycogénolyse au niveau hépatique afin d’augmenter le niveau de sucre dans le sang. Ce surcroit d’énergie est à court terme nécessaire pour faire face à un stress intense. Une fois disparue la situation stressante, le taux d’adrénaline et de cortisol est censé diminuer et retrouver un taux normal. Cependant, lors de stress aigus ou répétés, le retour à la normale du taux de cortisol dans le sang ne se produit pas. L’organisme reste dans un état d’hypervigilance et s’épuise ensuite. Cet état est très souvent observé lors des troubles du sommeil (voir également notre enquête sur le stress chez l’enfant parue dans L’osteopathe magazine n°18). D’autre part, l’amygdale qui fait partie du système limbique est particulièrement stimulée dans les situations de peur. Elle peut rester en suractivité longtemps après la situation de danger, maintenant ainsi le système nerveux sympathique et le système adrénergique dans un état de stress. Lors de ses traitements, Liz Hayden cherche à relancer et à rééquilibrer la motilité et la mobilité de l’amygdale pour faciliter le retour de la glande à un état de normotonie (équilibre entre système sympathique et parasympathique). Après le diagnostic de l’amygdale, Liz Hayden propose de faire une rapide inspection du système nerveux central et notamment de la glande pinéale, responsable des cycles du sommeil. Cependant, « cette glande n’est pas une priorité de traitement chez le bébé et l’enfant » précise-t-elle. Dans sa pratique, elle a en effet, remarqué qu’une fois toutes les autres zones abordées et traitées, les troubles du sommeil disparaissaient sans forcément travailler sur la glande pinéale.

 Baisse du seuil de tolérance face à la douleur

Par ailleurs, la mobilité de la base du crâne est selon Liz Hayden la clé du cycle de sommeil. Les parents rapporteront souvent que l’enfant s’agite en bougeant la tête lors des phases de sommeil profond. Elle a souvent retrouvé cette dysfonction suite à un mauvais positionnement intra-utéro, des problèmes lors de l’accouchement ou encore des accidents et des chutes.

Lors de l’accouchement les fluides crâniens migrent hors du crâne afin de réduire le diamètre de la boîte crânienne

 En règle générale, « lors de l’accouchement les fluides crâniens migrent hors du crâne afin de réduire le diamètre de la boîte crânienne pour faciliter le passage à travers le canal inférieur de la mère. Lors des accouchements très rapides (moins de six heures), cette migration n’a pas le temps de se faire. Il se produit alors une hyper pression au niveau de la dure mère qui subit une compression des fluides très importante, la laissant dans un état de choc appelé Inertie Traumatique des Membranes« , explique Liz Hayden. En séance, les bébés ayant subi ce type d’accouchement ne supporteront pas une pression même minime sur la tête. Ils auront tendance à dormir durant de très courtes périodes, ne semblant jamais passer en sommeil profond, et ils voudront être portés la plupart du temps.

Un inconfort digestif

 Liz Hayden observe que les bébés présentant une hyperactivité des systèmes adrénergique et nerveux ont plus tendance à être sujets à des coliques et ont un sommeil très léger. Les coliques sont très douloureuses pour le bébé. Elles ont une très forte incidence sur la qualité et la quantité de sommeil. Les parents constatent cela très vite, car 20 % des bébés atteints de coliques ont tendance à beaucoup pleurer le soir avant d’entamer leur nuit. Plus la colique est forte, plus le bébé hurle et est difficile à calmer. Cependant, contrairement aux idées reçues, les coliques ne s’arrêtent pas forcément au bout des trois mois de vie de l’enfant. En effet dans une étude parue en 1982, Hide et Guyer ont démontré que 41 % des nouveaux nés atteints de coliques continuaient à souffrir de ces troubles jusqu’à six mois de vie et 12 % d’entre eux présentent des symptômes jusqu’à l’âge d’un an. Il est donc impératif pour l’ostéopathe de traiter ces troubles au plus vite. Selon Liz Hayden, les principales causes des coliques sont : – Le régime de la mère (choux, bananes, fruits acides et épices) – Une intolérance au lactose – Du stress pendant la grossesse – Les antécédents familiaux D’autre part, le RGO (reflux gastro-oesophagien) peut également être une cause de réveil de l’enfant pendant la nuit. Surélever très légèrement le lit en plus d’un traitement ostéopathique est une bonne solution pour l’enfant et les parents, qui ont souvent peur que leur enfant s’étouffe pendant son sommeil.

[su_note note_color= »#5186f2″ text_color= »#ffffff »]“Snacking and napping habit” : no way !

L’éducation est essentielle pour le bon déroulement du sommeil de l’enfant. Les parents devront être attentifs à ne pas prendre l’habitude dite du « snacking and napping habit », où l’enfant prend le biberon ou le sein pour se rassurer et non pour réellement se nourrir. Ce genre d’habitude l’incite à privilégier des siestes plutôt qu’une vraie nuit de sommeil réparateur. Les parents devront aussi travailler sur une routine d’endormissement et ils devront s’obliger à laisser pleurer leur enfant afin que ce dernier retrouve seul le sommeil. Néanmoins, un autre courant de penser prévaut en Amérique du Nord où les parents ne veulent pas laisser pleurer les enfants. C’est pourtant essentiel et nécessaire à leur bon développement[/su_note]

La fonction pulmonaire trop souvent oubliée

 Trop souvent mis de côté, le rétablissement d’une bonne fonction pulmonaire est essentiel pour traiter les troubles du sommeil chez les bébés et enfants. Lorsque le système pulmonaire est impliqué, les parents de nos patients rapportent lors de l’anamnèse des états de basse énergie s’apparentant à de la fatigue chronique, ou des enfants hyperactifs avec des phases d’épuisement entraînant un sommeil profond. Une prématurité, une détresse foetale lors du travail, une césarienne ou encore une réanimation pulmonaire du nouveau-né sont des éléments qui mettront l’ostéopathe sur la voie d’une composante pulmonaire pouvant induire des troubles du sommeil. Liz Hayden est arrivée à cette constatation en étudiant les systèmes aérobies et anaérobies. Le principal système dit aérobie est géré par les poumons qui alimentant le corps en oxygène. Cet apport permet de métaboliser les molécules de glucose et de produire l’ATP. Si cette voie de production fait défaut, le système anaérobie, dépendant du système adrénergique, s’active. Mais cette seconde voie de production d’énergie n’est efficace qu’à court terme et elle s’épuise très vite. En effet, l’oxydation d’une molécule de glucose par voie aérobie produit en moyenne 38 molécules d’ATP, contre 2 par voie anaérobie. Le système aérobie est donc 19 fois plus efficace. C’est pourquoi l’ostéopathe doit évaluer la fonction pulmonaire des bébés et des enfants. Il sera aussi essentiel lors d’un diagnostic et/ou traitement de la fonction pulmonaire d’observer la circulation générale et le coeur.

Comprendre et dénouer les dysfonctions

L’étiologie des troubles du sommeil chez le bébé et l’enfant n’est pas simple et linéaire, car tous les systèmes sont étroitement reliés et interconnectés. Le rôle de l’ostéopathe est donc de comprendre et dénouer les dysfonctions de l’ensemble des systèmes incriminés dans le processus. Il sera très important d’adapter son traitement à chaque patient et prévenir les parents concernant les éventuels effets secondaires de ces types de traitement. Le bébé réagit en général très bien aux traitements et il parvient à retrouver rapidement un sommeil profond, permettant à toute la famille de récupérer. Par contre, l’enfant peut être épuisé plusieurs jours après le traitement. * Liz Hayden, diplômée de la British School of Osteopathy, membre fondateur et présidente du Sutherland Cranial College et auteur de Osteopathy for Children possède une longue expérience, tant pratique que pédagogique, en ostéopathie pédiatrique.

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