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« Epidémie » de césariennes au Brésil : le gouvernement réagit

Avec 56 % des naissances se déroulant par césarienne, contre une moyenne mondiale de 18 %, le Brésil est devenu le champion mondial de la spécialité. Par confort, les obstétriciens et les femmes font tout pour éviter les accouchements naturels.

césarienneLorsque Maria dos Santos a débarqué à 23 heures, haletante, à la clinique Perinetale, l’une des plus huppées de Rio de Janeiro, avertissant que le rythme de contractions s’accélérait, elle a fait face à une équipe médicale totalement dépassée. «Vous n’avez pas respecté votre date d’accouchement », lui explique-t-on, en l’acheminant vers sa chambre après l’avoir fait longtemps attendre. Des dix-neuf bébés nés ce jour-là, le sien est le seul à être venu au monde par voie basse, «tous les autres, par césarienne, entre 7 heures et 9 heures du matin, ça dérange moins», ironise-t-elle. Car vouloir accoucher naturellement est une exception au Brésil, devenu le champion mondial de la césarienne, avec 56 % des naissances, contre une moyenne mondiale de 18 % – l’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas dépasser 15 %. Dans les cliniques privées, comme celle où la jeune femme avait réservé une chambre, le taux grimpe à 84,6 %.
Le gouvernement vient de tirer la sonnette d’alarme. « L’épidémie de césariennes dans le pays est inacceptable, c’est un problème de santé publique», a affirmé le ministre brésilien de la Santé, Arthur Chioro, en janvier, en annonçant un plan d’action. Les médecins devront pour la première fois justifier le recours à la césarienne, et les cliniques s’engagent à informer la future mère sur les risques auxquels elle s’expose si elle opte pour l’acte chirurgical. Un accouchement par césarienne augmente de 120 % les risques de maladie respiratoire pour le nourrisson (souvent né plus tôt que prévu) et multiplie par trois le risque de décès de la mère, souligne le ministère.

À l’université, les étudiants ne se forment plus qu’à la césarienne

La responsabilité du corps médical est considérable. Dans un pays où la moitié de la population dépend d’assurances privées, la césarienne est une garantie de confort pour l’obstétricien : pas de naissance à Noël ou au milieu de la nuit. « À l’université, les étudiants ne se forment plus qu’à la césarienne, ils ont peur des éventuelles complications d’un accouchement par voie basse », déplore Maria do Carmo Leal, chercheuse à l’École nationale de santé publique Fiocruz.
Pour ces médecins, convaincre les futures mamans est aisé: dans le pays de la chirurgie esthétique, les cicatrices des césariennes sont presque invisibles, au niveau du Bikini. Celles qui s’inquiètent de l’impact d’un accouchement sur leur vie sexuelle sont par ailleurs rassurées. Surtout, ils jouent sur la peur de la douleur, qui est, selon une enquête effectuée par Maria do Carmo Leal, le principal argument du choix. Pour les mères ayant déjà un enfant, la césarienne a un autre avantage: elle permet d’effectuer en même temps une ligature des trompes. Un tiers des brésiliennes optent ainsi pour cette méthode pour éviter d’autres grossesses.
Si les cliniques n’ont souvent aucune équipe la nuit pour accueillir les femmes en plein travail, elles rivalisent d’imagination pour les services « annexes » adaptés à la césarienne : aide d’astrologues ou de numérologues pour mieux choisir l’heure et la date de naissance du bébé, ou encore salle de projection pour que la famille puisse assister en direct à la naissance de l’héritier.
Source : http://sante.lefigaro.fr/ (18/02/2015)

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