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Fascias, sport et récupération : comprendre l’influence des émotions & améliorer les perceptions somato-émotionnelles

Quels sont les effets de la fasciathérapie sur la récupération du sportif ? Le congrès de l’ANKF (Association Nationale des Kinésithérapeutes Fasciathérapeutes) qui s’est tenu le 5 avril dernier à la Cité des Sciences à Paris a permis d’apporter des éléments de réponses intéressants. Voici la synthèse des principales thématiques abordées.

Un reportage réalisé par Adrien Cheula, ostéopathe, et Reza RC

Afin de mieux comprendre l’approche somato-émotionnelle de la fasciathérapie développée l’ANKF, vous pouvez relire notre enquête Les fascias, une approche globale partagée parue dans L’ostéopathe magazine numéro 9. La plupart des conférences se sont ainsi concentrées sur les effets de la fasciathérapie sur les perceptions somato-émotionnelles et leurs modifications chez les patients.

Influence de l’anxiété sur l’efficacité d’un traitement

Ainsi, Bernard Payrau, cardiologue, homéopathe et fasciathérapeute a mené une étude clinique pour mettre en évidence l’intérêt d’une prise en charge par fasciathérapie dans la gestion du stress et de ses conséquences. À noter que, en tant que cardiologue, l’approche holistique de Bernard Payrau est particulièrement originale. Pour son étude, il a choisi deux outils d’auto-évaluation scientifiquement validés : le questionnaire de l’état d’anxiété STAI Etat (State Trait Inventory Anxiety) et celui du trait de personnalité associé à l’anxiété, le questionnaire STAI Trait. Les deux questionnaires sont liés du fait de la relation étroite entre un trait de personnalité et sa puissance au sein de l’état émotionnel d’un individu. De manière générale, la population française présente des taux de l’état d’anxiété, et du trait de personnalité anxieux faible chez les hommes, et considérés comme « plutôt faible » selon l’échelle de réponse, pour les femmes. 64 personnes ont participé à l’étude. Le protocole a été le suivant : une évaluation par les deux questionnaires, puis une unique séance de fasciathérapie, suivie d’une seconde évaluation du questionnaire STAI Etat uniquement. Les conclusions de cette étude illustrent une diminution de l’anxiété, avec une amplitude plus importante chez les personnes présentant une personnalité plus anxieuse. Cette étude est intéressante dans la mesure où la prise en compte de l’anxiété est pertinente pour évaluer l’efficacité de la fasciathérapie vis-à-vis du stress. Par ailleurs, ces conclusions sont proches de celles de l’étude de Philippe Rosier, car elles illustrent la perception de l’état psychoémotionnel par le patient.

congrès ANKFNe pas oublier la récupération psychologique

Alain Chevutschi, kinésithérapeute et docteur en sciences, a quant à lui comparé les méthodes anciennes et actuelles de récupération du sportif à travers l’analyse de plusieurs études. Il en ressort que la notion de récupération physique est associée à la notion de récupération psychologique, donc émotionnelle. Une influence des massages sur l’humeur est mise en évidence et ainsi que sur les perceptions psychoémotionnelles des patients (diminution de la nervosité, de la colère, du découragement). Pour autant, il n’y a pas d’amélioration de certains critères physiologiques comme la fréquence cardiaque, la glycémie, la lactatémie.

[su_spoiler title= »16 indicateurs pour évaluer la récupération physique, psychique et somato -psychique » icon= »plus-circle »]• Douleur physique aiguë
• Douleur physique chronique
• Sentiment de souplesse
• Sentiment de tension physique
• Relation au corps
• Respiration
• Équilibre
• Énergie
• État émotionnel
• Attention
• Sentiment de tension psychique
• Relation à l’autre (irritabilité)
• Relation à l’espace
• État interne (agitation/calme)
• Confiance
• Motivation (court + long terme)[/su_spoiler]

L’importance de la prise en compte des perceptions psychoémotionnelles et l’efficacité de la fasciathérapie sur ce paramètre de récupération du sportif ont également été abordées par Sylvain Lambert, kinésithérapeute et diplômé d’un master en kinésithérapie du sport, et Stéphane Lettieri, kinésithérapeute et ostéopathe au sein de l’ESTAC (club de football professionnel de Troyes). Le premier décrit une attention plus importante et un état d’esprit plus léger lors de la pratique du golf. Le second met en évidence l’influence de l’état somato-émotionnel de footballeurs professionnels sur la qualité de leur jeu, notamment sur le risque de blessure. Ces travaux mettent en avant la notion prévention des troubles chez le sportif par la fasciathérapie.

Les différences interindividuelles incontournables

Autre sujet d’étude de la perception émotionnelle : les étirements après une activité sportive. Anouck Serre, kinésithérapeute et diplômé d’un master en kinésithérapie du sport, a analysé 45 études sur la pratique des étirements qu’elle a complétées par les résultats de son évaluation clinique sur 3 jeunes sportifs non professionnels. Elle révèle ainsi qu’il existe un manque de compréhension de l’intérêt des étirements sur la récupération ainsi qu’une mauvaise exécution du geste (ce qui contribue à son désintérêt) par manque d’explication pratique et adaptée à chaque étirement. Elle présente également l’absence de notion de perception dans la réalisation des étirements alors que c’est un élément indispensable pour obtenir une amélioration avec ces étirements. Elle conclut sur l’idée d’une influence des différences interindividuelles en termes de capacité physique et de perception dans la qualité des étirements. Si les étirements sont adaptés à chacun et enseignés ainsi, leur réalisation est qualitativement meilleure et leurs effets aussi bien physiques qu’émotionnels sont également améliorés.

Les fascias ont également été considérés à travers leur rôle physiologique et leur organisation dans le corps humain, car les fascias sont présents dans l’ensemble du corps et pas uniquement à sa périphérie. L’imbrication des fascias thoraco-abdominaux a notamment été présentée pour mettre en évidence leur rôle dans la répartition harmonieuse des pressions exercées au niveau thoracique, abdominal et pelvien. Ces descriptions illustrent comment des tensions au niveau du corps ont un impact sur l’ensemble de l’individu. Agir sur les fascias permet donc de les réguler ces tensions. La description biomécanique des fascias renforce ce concept.

Connais-toi toi-même !

L’importance des fascias dans l’organisation anatomique permet de mieux envisager l’intérêt d’une prise en charge préventive par la fasciathérapie chez les sportifs notamment. De la globalité des fascias aux effets physiques et perceptuels de la fasciathérapie, Arnaud Leray, kinésithérapeute, ostéopathe, diplômé d’un master en kinésithérapie du sport, s’est questionné sur la vision du fasciathérapeute par lui-même. Quel est son intérêt à devenir fasciathérapeute ? Il a donc suivi trois fasciathérapeutes du sport pour comparer les raisons qui les ont conduits à devenir fasciathérapeutes. La qualité des gestes appliqués, la globalité de la prise en charge et l’efficacité associée apparaissent comme les éléments majeurs ayant justifié leur choix.

De Socrate à Robert Schleip, le grand écart reste contrôlé. Ce congrès qui a cherché à montrer l’influence de la fasciathérapie sur l’amélioration des perceptions somato-émotionnelles sous toutes ces formes permettra aux ostéopathes de mieux comprendre l’approche des fasciathérapeutes. Elle ne s’oppose pas au travail des fascias dans la prise en charge ostéopathique. Ils pourront également s’approprier cet intéressant questionnement : pourquoi devient-on ostéopathe ? Ou encore, pourquoi fait-on évoluer sa pratique ostéopathique à un moment de son parcours professionnel ? Nous attendons vos réponses.

[su_spoiler title= »Les conférences » icon= »plus-circle »]Fasciathérapie et récupération somato-psychique du sportif de haut niveau
Philippe Rosier, Docteur en Sciences Sociales, Collège Européen de Fasciathérapie (Belgique), membre de la Fascia Research Society

Fasciathérapie et anxiété, synthèse des études menées auprès de sportifs et de non sportifs
Bernard Payrau, cardiologue, homéopathe, fasciathérapeute, membre de la Fascia Research Society

Le biorythme : football et prévention des blessures
Stéphane Lettieri, Kinésithérapeute et ostéopathe au sein de l’ESTAC (club de football professionnel de Troyes)

Fasciathérapie et ressources attentionnelles du golfeur
Sylvain Lambert, Kinésithérapeute, master en kinésithérapie du sport

Pédagogie perceptive et étirements appliqués à la récupération
Anouk Serre, Kinésithérapeute, master en kinésithérapie du sport

Kinésithérapeutes et fasciathérapeutes du sport : définition et situation dans la kinésithérapie du sport
Arnaud Leray, Kinésithérapeute, Ostéopathe, master en kinésithérapie du sport

La récupération, état des lieux
Alain Chevutschi, Kinésithérapeute, docteur en Sciences

Revue de littérature sur le rôle des fascias dans l’activité physique et sportive et les différentes approches manuelles et gestuelles.
Groupe traduction de l’ANKF[/su_spoiler]

[su_spoiler title= »Le commentaire de la rédaction » icon= »plus-circle »]Une chose est certaine : les protocoles des travaux de recherche présentés lors de ce congrès de fasciathérapie ont la particularité d’avoir été « designé » pour la fasciathérapie. En effet, pour évaluer leur pratique les fasciathérapeutes explorent aussi bien le territoire des sciences humaines que ceux de la physiologie et de l’anatomie. Ils développent leurs propres indicateurs. L’ostéopathie cherche trop souvent comment mesurer ce qui n’est pas mesurable, comment reproduire ce qui ne l’est pas, comment mener des expérimentations en double aveugle, pratique chère à l’expérimentation médicale.

Les fasciathérapeutes poussent leur démarche jusqu’à interroger leur propre pratique. Pour mieux se connaître et ainsi mieux s’adapter au contexte de leur époque. Cette dernière démarche intéresserait les ostéopathes. Pourquoi ne pas trouver un dénominateur commun sur ce qui motive des thérapeutes à s’engager sur une pratique professionnelle plutôt que de chercher uniquement à définir les contours d’une pratique trop hétérogène ? Ces deux démarches ne s’opposent pas forcément d’ailleurs. Car leur objectif est le même : définir une profession … et des professionnels.

Au cours de ce congrès, nous avons aimé l’idée de santé perceptuelle et de recherche de sensation du patient pendant le toucher thérapeutique. Une voie peu explorée en ostéopathie. Et pourtant facile à mettre en oeuvre dans vos cabinets. Essayez pour voir. Demandez à vos patients d’exprimer leur ressenti lors de vos manipulations. Il sera alors intéressant de mettre en parallèle ce ressenti avec vos propres sensations.

Un exercice qui apporte aux patients une meilleure connaissance de l’ostéopathie. De la connaissance à la reconnaissance, votre patient deviendra alors votre meilleur allié pour défendre l’ostéopathie.[/su_spoiler]

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