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Burn-out : comment rallumer la flamme ?

Le burn-out était le thème du colloque organisé l’école d’ostéopathie ATMAN le 21 mars à Sophia-Antipolis (06). De plus en plus de personnes se disent touchées, mais quelle est la réalité de ce phénomène ? Et pourquoi parle-t-on de burn-out ?

Un reportage réalisé par Reza Redjem-Chibane

©Jan-Joost Verhoef
©Jan-Joost Verhoef

Le terme de burn-out est apparu dans les années 70 en aéronautique pour désigner une fusée qui, après avoir épuisé son carburant, s’écrase. Mais ce syndrome a été décrit pour la première fois par le professeur Freudeuberger, psychiatre américain, à travers l’image immeuble qui brule, mais dont la façade reste intacte nous explique Francois Baumann, médecin généraliste, psychothérapeute et auteur du Guide du burn-out. Pour ce dernier, « cette maladie qui tient du psychisme est une épidémie moderne ». Jean-Emile Van der Heyden, neuropsychiatre belge et auteur de Le burn-out des quinquas, préfère définir le burn-out comme l’épuisement des ressources intérieures surtout émotionnelles, à l’image d’une corde qui casse après s’être déchirée. Le burn-out, c’est donc la cassure et il ne préfère pas parler d’épidémie. Du moins, pas encore. Car seulement moins de 1% des travailleurs sont touchés. Il ne faut donc pas banaliser ce terme et respecter des critères de diagnostic précis . Cependant, l’excès de stress contribue au pré burn-out et, complète François Baumann, « le burn-out est l’aboutissement d’un stress chronique conséquence d’un malaise dans la relation ». Il définit deux types de stress. Le stress positif qui nous fait bouger et le stress négatif qui conduit au burn-out en s’attaquant à la centralité même de la vie : le travail. Il se développe progressivement et met en moyenne 6 à 10 années avant de se déclarer véritablement. Il peut conduire à la dépression chronique et au suicide.

Qui est concerné ?

Existe-t-il des prédispositions au burn-out ? Il n’est pas nécessaire de présenter d’antécédents de maladies psychiques, car c’est « une maladie d’usure et de frottements professionnels ». Mais les soignants sont tout particulièrement victimes du burn-out même si les professions concernées sont de plus en plus nombreuses avec une gravité qui semble croissante. À noter que les femmes sont plus touchées que les hommes, car elles ont des activités multicentrées (travail, famille, etc.). Pour étayer ces observations, Jean Émile Van Der Heyden présente des statistiques récentes relevées en Belgique. Ces statistiques ne mesurent par le burn-out, mais le stress. En effet, l’OMS considère le stress comme 1re cause d’incapacité de travail en entreprise. En Belgique, 10 % des travailleurs ressentent l’épuisement émotionnel pré-burn-out. Ces statistiques reflètent une situation qui s’aggrave puisqu’entre 2004 et 2008, plus de 30 % des maladies du travail étaient d’ordre psychique. En 2011, 300 000 personnes étaient en incapacité de travail pour une durée supérieure à un an. À ce stade, on peut parler d’invalidité…
Les conséquences du stress au travail peuvent également se mesurer à travers le taux d’absentéisme. Le stress est un motif d’arrêt de travail cité dans 37 % des certificats réalisés en 2013. Il représentait 24 % en 2005. L’étude Sécurex 1 réalisée en 2014 révèle que ce taux était de 6,3 % en 2013 contre 4,3 % en 2001. En 2014, la durée moyenne des arrêts de travail était de 14 jours ouvrables contre 13 en 2012. Soit un coût est estimé à 10,6 milliards en 2013 ! Enfin, ce stress au travail touche les personnes les plus âgées, les plus anciennes dans l’entreprise ainsi que les ouvriers (moins qualifiés, déficits d’expression, etc.), les temps partiels et les femmes.

Le burn-out a toujours existé

Francois Baumann identifie des causes externes : le management, la mauvaise organisation, la vitesse, la solitude,

© Marc Palm
© Marc Palm

l’absence d’empathie. Et des causes internes : sensibilité, émotivité, résistance au stress, etc. Pour Éric Kosar, tout est dit dans l’ouvrage de Le stress au travail écrit par Patrick Légeron et paru en 2003. Et il s’interroge : « que s’est-il passé ? Pourquoi, alors que depuis Zola nos conditions de travail se sont considérablement améliorées, observe-t-on des épaules détruites par des souris » ? Avec maladies mentales, nous avons compris que les salariés exprimaient leur sentiment sans passer par la médiation du corps.
Jean Claude Delgenes, fondateur et directeur de Technologia, cabinet d’évaluation et de prévention des risques professionnels prolonge cette réflexion et se demande pourquoi ce phénomène s’est-il installé dans nos sociétés. En citant l’exemple des moines copistes, il nous rappelle que ce phénomène a toujours existé. Mais la société numérique et la connexion permanente au travail ont augmenté cette intensité. De plus, la rentabilité calculée à court terme par les investisseurs accroit cette pression sur les salariés. Depuis les années 90, l’entreprise est considérée comme un pur actif financier qui doit rapporter une rentabilité (école de Chicago). Les stratégies de contrôle étiolent les collectifs et les processus de confiance. On assiste à un recul de la sociabilité au travail. À cela, il faut ajouter le consumérisme débridé de la société. Alors, quand le travail est subi, la santé des travailleurs est altérée. « Mais qu’est-ce que le travail sain ? » interpelle Jean Claude Delgenes. C’est un travail en adéquation avec les compétences. Il permet une maitrise du travail, propose des marges de manœuvre et aboutit à une reconnaissance. Le travail retrouve alors du sens. Ainsi, devant un patient, il faudra se demander : a-t-il un travail sain ?

Que faire ?

Francois Baumann, propose une prise en charge précoce pour obtenir de meilleurs résultats. Si ce n’est pas le cas, le salarié risque de tomber dans une dépression chronique et envahissante qui aboutira à sa désocialisation. Pour se soigner, le travailleur doit d’abord accepter l’arrêt de travail. Ce qui n’est pas évident, car souvent il aime le travail et craint de ne pouvoir le reprendre par la suite. Les médicaments (psychotropes) et les psychothérapies seront aussi des outils de soutien. Un soutien physique avec un nouveau rapport au corps (sport, ostéopathie, kinésithérapie, etc.) sera aussi très important dans le traitement d’un individu qui ne va pas bien. Il faudra également soigner l’entreprise : management (ordres contradictoires, absences d’objectifs clairs et de projets, reconnaissance), groupe de paroles, améliorer l’écoute. Les open-space, étrangement sont des lieux d’isolement.
….

Un reportage à suivre dans un prochain numéro de L’ostéopathe magazine 26

> Comment reconnaitre un burn-out ?
> Le stress mène-t-il au bruxisme ?
Christian de France de Tiersan, ostéopathe et enseignant
> Quand le travail vous tue
Aude Selly, consultante en ressources humaines et auteure de Quand le travail vous tue
> Les aspects émotionnels des situations du burn-out : thérapie stratégique
Jean Jacques Wittezaele, psychologue
> Plusieurs façons de comprendre ce qui se passe,
Jérôme Bapteste, médecin et ostéopathe
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