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Thrust épaule

Les problématiques non chirurgicales d’épaule… faut-il un thrust?

Devant une plainte concernant l’épaule, manipuler est une solution parfois envisagée. Qu’il s’agisse de tenter de jouer sur les mécanismes neurophysiologiques et/ou de le faire en étant guidé par une réflexion purement biomécanique, existe-t-il pour autant des éléments confirmant cette indication? Une revue systématique a été faite sur le sujet par une équipe de recherche.

Il est important de comprendre dans quel cadre employer une technique au sein d’un traitement. Comprenons bien que cette étude ne préjuge pas de l’efficacité d’un traitement plus complet mais simplement de l’effet spécifique d’une technique.

La sélection des articles

Ainsi, cette équipe s’est intéressée à la littérature existante. Sur un total initial de 5041 articles, seuls 36 articles ont été retenus pour la relecture par deux relecteurs indépendants. Au final, les articles où sont manipulées les épaules, les vertèbres cervicales ou les vertèbres thoraciques sont les seuls retenus. Puis, ces derniers sont analysés à l’aide de l’échelle PEDro et de l’outil Cochrane d’analyse des risques de biais. Les articles où les douleurs d’épaule sont secondaires ou ceux dont les procédures diagnostiques sont floues ou peu claires sont de fait exclus.

Au final, six articles qui traitent du syndrome sous-acromial respectent les critères d’inclusion. Ainsi, quatre sont des études cliniques contrôlées et randomisées, et les deux derniers sont des études cliniques non contrôlées. La plupart des études comprennent des manipulations thoraciques, et dans une étude, le thérapeute manipule directement l’épaule au cours de l’une des 8 séances pratiquées. À noter que seulement 3 études cliniques emploient des manipulations placebos. Ainsi, Des résultats statistiquement et cliniquement significatifs ont été observés concernant la douleur. Sur le plan fonctionnel, 4 études trouvent des résultats statistiquement significatifs, mais 2 ne montrent pas de différence entre groupe traités et groupe placebo.

thrust

Quelle conclusion alors?

En fait, même si les études montrent un effet statistiquement significatif, la plupart reste à la limite sinon en dessous de la significativité clinique. De plus, pour les études comparant à un placebo valide (comprendre comparable, ce qui n’est pas le cas de l’ultrason qui emploie un médium différent de la manipulation placebo), il n’y a pas d’effet supérieur au placebo. En définitive, il semble que la manipulation au niveau de l’épaule soit un peu plus efficace que la manipulation thoracique.

Ces résultats sont cohérents avec la littérature précédente. Celle-ci montrait déjà une part importante d’effets non spécifiques du HVBA (Haute Vélocité Basse Amplitude) dans la prise en charge de douleurs musculosquelettiques. Néanmoins, ces études concernant les manipulations HVBA ne sont pas d’une qualité suffisante pour trancher en faveur d’une indication de cette technique. De plus, aucune étude concernant les manipulations cervicales n’a rencontré les critères de sélection pour cette indication. D’ailleurs, ces résultats ont été reconfirmés par une méta-analyse plus récente sur les manipulations thoraciques pour cette indication.

Remise en contexte et perspectives

Notons par ailleurs qu’une étude de 2018 a montré que les chirurgies de décompression sous-acromiale n’étaient pas plus efficaces qu’une arthroscopie de diagnostic pour soulager un syndrome sous-acromial. Ceci veut dire que ce type de chirurgie n’est pas plus efficace qu’un placebo. Ces deux interventions montrent une différence statistiquement significative « avant-après » pour les deux groupes. Cependant, cette différence reste en dessous du seuil de significativité clinique pour les deux groupes.

Lors de la comparaison avec un groupe pris en charge avec de l’exercice physique, l’étude montre un résultat supérieur de la chirurgie sur ce groupe. Il existe cependant un biais possible dans la composition des groupes. La chirurgie reposant sur une sélection stricte des patients, excluant de fait des cas particuliers de patients avec de mauvais résultats, à la différence du groupe avec l’exercice physique.
Cette revue de littérature montre sans surprise qu’une technique seule n’est pas suffisante. Mais mise en contexte avec la remise en question de certaines interventions habituelles pour ce motif de consultation, cette option reste à envisager. Il y a donc un intérêt à pousser dans la recherche en thérapie manuelle combinée avec une approche biopsychosociale. Une approche conservative possède toujours un intérêt même si les effets ne sont pas spécifiques. Ils peuvent permettre d’agir sur certains facteurs comme l’appréhension à la douleur et/ou au mouvement. Cela peut permettre à un patient de reprendre un rôle actif dans sa guérison. Ce n’est pas antinomique avec le cadre d’une prise en charge pluridisciplinaire.

Sources:

Bizzarri P, et coll, Thoracic manual therapy is not more effective than placebo thoracic manual therapy in patients with shoulder dysfunctions: A systematic review with meta-analysis, Musculoskelet Sci Pract, 2018, 33:1-10.

Paavola M, et coll, Subacromial decompression versus diagnostic arthroscopy for shoulder impingement: randomised, placebo surgery controlled clinical trial, BMJ 2018;362:k2860 .

Minkalis AL, et coll, a systematic review of thrust manipulation for non-surgical shoulder conditions, Chiropratics & Manual therapies, 2017, 25:1 (Open access).

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